Le chanteur Carlos vient de mourir à 64 ans des suites d’un cancer, et non dans une suite après un concert, vient de nous apprendre ce matin l’AFP.
Désassorti de l’humain moyen tel qu’on le représente dans les pages de la Redoute – celles qui ne sont pas collées, en tout cas -, Carlos a incontestablement marqué son époque. Et influencé l’homme dans sa découverte de lui-même, de ses désirs et de ses expectatives.
« Tirelipimpon sur le Chihuahua » chantait-il à la foule admiratrice, en 1991, à Montréal, lors d’un colloque sur L’Approche linguistique du jugement analytique. Depuis cette date, le discours n’a pas changé : Carlos et l’essence universelle de l’homme ne font qu’un. Son autopsie nous permet d’en savoir davantage sur la complexité du personnage et de ses arcanes.
Textes, blagues, boyaux, chemises : les caractéristiques communes semblent se regrouper autour du mythe, semblent faire ressortir une définition. Or, dans Carlos, la possibilité d’une essence immuable et perceptible se dessine avec difficulté. Le réduire à ses propriétés biologiques reviendrait à apparenter l’homme aux animaux que l'on définit eux aussi par ces mêmes propriétés. Comme l’humain et le 9 par rapport au 3, l’entité Carlos est multiple.
Elle est enfantine, espiègle, pouponne. Elle renvoie à l’enfance, aux coussins péteurs dans le landau, à ces madeleines qu’on buvait chez Tante Léonie, le soir, et qui nous rendaient les vicissitudes de la vie indifférentes, les désastre inoffensifs, la brièveté de l’existence illusoire, de la même façon qu'opèrent l'amour et les baisers de Rosalie Rosalie-oh, Rosalie Rosalie-ah.
Inconsciemment, l’homme est immature. Dans le couple, il endosse l’habit de protecteur ; pourtant, au fond de lui, tout ce qu’il recherche, c’est une layette. Chez la femme, c’est la fonction de mère qui l’intéresse. Téter les seins maternels, retourner à l’ovule originel par tous les moyens, jouer du hochet comme un signe de ralliement : telles sont les quelques quêtes (à prononcer vite pour rire un bon coup) de l’homme.
De là à considérer que, si la vérité sort de la bouche des enfants, c’est qu’en tout homme réside un pédophile, c’est un pas que nous ne… ah ben si, que nous franchirons.
L’entité Carlos est femme, aussi. Carlos est geisha, gai, gay : un côté bas résille, à l’heure où même les homosexuels peuvent accoucher. L’homme n’est pas seulement un tas de chairs noircies par les rires gras. Il est émotif quand l’anecdote de Philippe Bouvard concerne un CSP-. Il pleure quand la blague de la bite qui poursuit un cul a été vraiment bien racontée par Sim. Il se maquille avant de passer sur scène, déguisé en infirmières pour un sketch avec Guy Montagné. Il s’applique, consciencieux et professionnel. Car comme la femme, l’entité Carlos a peur du bide.
Elle est flic. Sévère, mais juste. Sévère de contacts, lors de l’apéro, juste avant de verbaliser le jeune qui préfère rire de Gad Elmaleh ou de Florence Foresti. L’autre face de Carlos, c’est le tas policier. La pile, c’est à ranger dans les cartons, par ordre chronologique. Il a été prouvé comme indubitable la destructuration subsémiotique de cette certitude. En cela, Carlos est Sartre. Et en cela, Sartre est donc flic. Et, par conséquence, les flics habitent tous au Mans.
Elle est violente. Primaire. Secondaire, si on pousse l’étude de l’artiste un peu plus loin que le CM2. Carlos a été gravé à l’image de l’homme : brut et brute. Façonné à la Pierre Douglas, le roi des chansonniers français, mais marqué à jamais par les spasmes de la vie. Pour illustrer cette violence, quoi de mieux qu’une blague de Carlos ? « C’est un homme qui entre dans une pharmacie et demande au pharmacien de lui donner du Viagra. Le pharmacien le regarde et lui fait : vous avez une prescription du médecin ? » Et l’autre répond : « Non, mais j’ai une photo de ma femme ! »
5 choses que l’on ne savait pas sur Carlos
- Le vrai prénom de Carlos est Yvan-Chrysostome. Ceci expliquant finalement beaucoup de choses.
- Carlos a étudié la kinésithérapie à l’École française d’Orthopédie et de Masso-kinésithérapie
- Carlos était drôle. C’est juste qu’il était trop pudique pour que cela se voit vraiment.
- Carlos votait à droite.
- Carlos était schizophrène, comme le prouve ce dialogue MSN entre Carlos et son second-lui :