Poustillon
Livre pour enfants interdit à la vente en raison de son caractère douteux.
A l’heure où la marmaille rebelle s’ingénue à vandaliser les préceptes familiaux, le poustillon connaît un regain inattendu mais unanimement salué par l’autorité parentale. Au feu les Oui-Oui candides qu’on parcoure l’œil absent, comme en avalant une soupe trop froide ! Pour éduquer nos jeunes, les ustensiles frappants sont désormais de mise. L’association Familles de France, d’ordinaire peu encline à l’innovation, se montre ainsi dithyrambique sur le poustillon comme vecteur d’éducation. Christiane Therry, sa déléguée générale, le considère même « comme un excellent substitut au fouet, comme un retour aux méthodes éprouvantes d’antan qui ont su mater le caractère trempé des enfants d’hier. »
Hélas, comme peuvent le regretter les parents impuissants, le poustillon conserve encore au sein d’une certaine opinion de gauche une image néfaste et acide. Seules quelques bibliothèques de l’ouest parisien en proposent en location, bravant les critiques pour le besoin des suppliques parentales.
Martine lit Mein Kampf, le célèbre poustillon de la médiathèque Paul Wermus de Boulogne-Billancourt – actuellement emprunté par Robert Médard.
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Derjutoir
Petit bureau réservé à un menuisier, lors des séances du tribunal de Grande Instance de Paris, et situé à gauche du jury.
Assis sur son derjutoir, le menuisier ne dit rien tout au long de l’affaire traitée, et n’exerce absolument aucune influence. La forme légèrement creusée de la partie supérieure du derjutoir permet néanmoins au menuisier de s’occuper en lançant des osselets.
« On reproche à mon client d’avoir sournoisement invité 8 jeunes femmes à souper chez lui, pour ensuite les égorger… On accuse mon client d’avoir tué 74% de la population du Belize, à l’aide d’un pommeau de douche, preuves à l’appui. On martèle mon client à coups de témoignages flous le compromettant dans l’affaire du vol du Taj Mahal. Mais, je l’affirme, haut en fort, à l’Assemblée et au siégeant du derjutoir, que ma cliente est une bille aux osselets ! » Plaidoirie du Maître Colinda Laska lors du procès de Miou Miou, en 1994.
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Vranesouille
Petite sacoche à emporter partout, contenant des lacets de rechange pour les chaussures de ville, de préférence noires, et fabriquées ailleurs qu’en Islande.
« Malgré la monétarisation de l’économie, au Moyen Age, le troc persistait, et il était courant, même très courant, dans les grands marchés de Flandres et de Champagne, voire de Bourgogne, que l’on s’échange, avec plus ou moins de facilité, du pain et du vin contre une petite vranesouille, bien qu’à l’époque personne n’en voyait l’utilité. » Georges Duby, Le Bas Moyen Age, le temps de la Vranesouille, Editions de la Virgule enchantée, 2002.
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Nennaque
Mot originaire de la région du Gers désignant une cheminée faîte de tourbe sèche et ne servant que pour le premier usage.
Il est utile, lorsqu’on allume un feu dans une nennaque, de prévenir les pompiers et de sortir de la maison tous les objets combustibles. La nennaque dégage un feu agréable et doux qui prend sur l’intérieur, puis sur les contours de la tourbe avant de se propager sur les poutres et les fondements principaux de la maison.
« Danny Briand fit feu de tout bois en allumant sa nennaque, mais, croyez-le bien, le jeu en valait la chandelle ». Christian Jack, Amentonfils IV, l’épopée d’un pharaon, Editions Ramsès, Le Caire, 1984.
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Loudbi
Ancien commentateur du Tour de France coincé dans une boulangerie et qui ne peut s’empêcher, par réflexe professionnel, d’analyser chacune des actions des clients de l’établissement.
« Ah, attention, et voici madame Gerpon qui profite d’une cassure dans la file pour doubler monsieur Perissol, occupé à palabrer avec son voisin au dossard jaune et au béret grisé. Elle, oui, oui, c’est incroyable Roger, elle sort de sa poche une pièce d’un euros pour la gliiiser oh incroyable sur le comptoir de la boulangère, malgré les gestes répétés de madame Murain qui, aïe aïe qu’arrive-t-il à madame Murain qui, aïe aïe semble avoir oublié sa portefeuille à la maison aïe aïe une défaillance de madame Murain marquée par le sceau de l’inexpérience, malgré les 73 ans de celle-ci. » Patrick Chêne, le 8 janvier 2007, dans une boulangerie du Loiret.
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Médor Luther King (1959-1968)
Pourfendeur de la ségrégation canine aux USA, Médor Luther King a joué un rôle majeur pour l’émancipation des chiens au sein de la société humaine. Son célèbre discours « Ouaf ouaf ouaf, ouaf ! », prononcé le 14 avril 1968 à L’Os Angeles, est devenu le symbole de la réconciliation entre chiens et hommes.
Les premiers pas
Né à Boston en 1959, Médor Luther King souffre dès l’âge de deux ans de problèmes récurrents de vision. Ses maîtres, des marchands de savons, se cotisent alors pour lui offrir une paire de lunettes que, dès lors, il ne quittera plus. Diplômé en sciences politiques à l’université Max Lesggy de Wellesley, le cabot au grand cœur décide de suivre les traces de son grand-père, maire de New York de 1933 à 1937. En 1965, Médor Luther King devient gouverneur de l’Idaho.
Sa rencontre fortuite avec Rosa Parks
Le 10 novembre 1965, Rosa Parks marche accidentellement sur une crotte de fox-terrier. La chute lui occasionne plusieurs fractures dont elle s’épanche dans la presse ; l’opinion, bouleversée, prend fait et cause pour Rosa Parks et critique ouvertement la race canine, l’accusant de mille maux. C’en est trop pour Médor Luther King ! Il poursuit avec véhémence, six jours durant, le facteur du président Lyndon Johnson. Invité à CNN, Médor Luther King déplore l’attitude dominatrice de ces hominiens tyranniques, éternels donneurs de leçons et de coups de pieds au cul des animaux. « Ce n’est qu’un aboyeur », proclame les défenseurs des humains. Médor Luther King n’en a cure : révolté, malgré les menaces de piqûres, il poursuit son combat.
Le leader de la lutte non-violente
Alors qu’il déterre un os dans le jardin de la maîtresse de Barry White, il apprend aux infos l’assassinat de son lieutenant Gérald Thumbing, un caniche nain réputé pour son anticonformisme. Médor Luther King participe, avec une dizaine d’autres animaux (Panda, Marsouin, Pingouin, Goéland, Rhinocéros, Coelacanthe), à plusieurs marches pacifistes dans les rues de Boston, sa ville natale. Admirateur de Gandhi, dont il cultive le goût pour les dreadlocks, le toutou multiplie les actions symboliques : en 1967, il pisse sur la tombe de John Kennedy ; en 1968, il chie sur le tapis de Mohammed Ali ; en janvier 1968, enfin, il rapporte le journal d’Henry Kissinger. Dorénavant meilleur ami des personnalités à la mode, Médor Luther King accède au rang de héros.
Ouaf ouaf ouaf, ouaf !
Le 14 avril 1968, à L’Os Angeles, il prononce son discours connu sous le nom de « Ouaf ouaf ouaf, ouaf ! » Il appelle à la paix entre chiens et humains, et réclame avec insistance la fin des niches construites à la hâte avec des clous qui dépassent. Le succès est planétaire. Dès le lendemain, le pape lui envoie un texto de félicitation. Le Général de Gaulle en personne se déplace aux USA pour manger, comme l’exige la coutume, de la pâtée pour chien à la volaille. La photo du Charles de Gaulle, la bouche dans la gamelle, fera le tour du monde. C’est en saluant une dernière fois le président français que Médor Luther King disparaîtra bêtement, écrasé par une marche arrière un peu trop brusque du chauffeur du général.