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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 00:38

Cher Guy Birenbaum,

 

Merci d’avoir accepté de publier mon prochain roman dans votre maison d’édition. C’est un honneur de travailler avec un homme tel que vous, et je tâcherais de vous rendre au centuple la confiance que vous m'avez donnez.

 

Je suis heureux de constater que ce récit d’un blogueur cynique étudiant en journalisme vous a plu, et espère vous revoir prochainement pour évoquer plus en détails les termes du contrat d’édition.

 

Votre ami fidèle,

 

                                                                                                                               Myblack.


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Cher Myblack,

 

 

J’ai bien reçu votre courrier flagorneur daté du 22 septembre, et pris acte de votre désir légitime de publier vos écrits dans un cadre moins intimiste que le blog.

 

Néanmoins, je tiens à vous informer de ma parfaite santé mentale et, par conséquent, de mon total refus à ce dessein certes ambitieux mais avant tout ruineux, venant d’un obscur étudiant en journalisme dont la seule idée de roman consiste en l’adaptation glorifiée de sa vie indigne d’intérêt.

 

Chez Ramsay, nous recherchons avant tout des projets originaux et novateurs, dans le style et l’idée. Le synopsis de votre oeuvre est loin de satisfaire à ces prérogatives, et je vous serais gré de vous tourner vers des métiers plus terre à terre comme ceux de charcutiers-traiteurs ou obstétriciens, où votre absence totale d’imagination ne sera pas un handicap.

 

Veuillez recevoir mes sincères salutations.

 
                                                                                                                            Guy Birenbaum

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Cher Guy Birenbaum,

 

Votre peur de l’inconnu est légitime. Van Gogh lui-même n’a été applaudi qu’à sa mort, et certains, de nos jours, osent encore critiquer le talent de Mike Brant. Il s’agit-là d’une réaction humaine parfaitement compréhensible de la part d’un éditeur qui en a vu passer, des branquignoles. Je suis conscient de la dureté quotidienne de votre métier et des soucis financiers de votre entreprise qui, ajoutés à ceux de votre couple, vous obligent à une certaine méfiance dans vos choix.

 

Je tâcherais donc d’être plus rassurant que les dernières radios de votre femme : oui, mon style et mes idées sont novatrices, et pourraient à elles seules renflouer les caisses de votre navire en perdition. Concevant qu’une autobiographie est un genre éculé – la faute aux médiocres qui l’ont exploitée avant moi -, je vous propose une seconde idée de roman dont vous me direz des nouvelles : celle d’un gigantesque paquebot en course vers les Etats-Unis qui, stoppé dans son élan par un élément naturel de type glacier, sombre en pleine mer avec à son bord pas moins de six marins ivres et deux passagers clandestins de type pakistanais.

 

Dans l’attente de votre appel enthousiasme, je vous souhaite une excellente journée – du moins si vous arrivez à tenir jusque là sans m’appeler.


                                                                                                                                          
Myblack

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Cher Myblack,

 

J’ai bien reçu votre courrier présomptueux daté du 26 septembre, et pris acte de votre désir légitime de vous accrocher à mes basques comme des pellicules dans les cheveux de Christophe Willem.  

 

Néanmoins, je tiens à vous informer que votre second projet de récit est tout aussi ridicule que le premier, et considère qu’il est de mon devoir d’y répondre négativement, par soucis de préservation de la forêt amazonienne et de la santé mentale d’éventuels lecteurs qui s’échoueraient par mégarde sur cet assuré naufrage littéraire.

 

Cette histoire de rafiot est trop tirée par les cheveux pour intéresser quiconque, et je vous suggère plutôt de vous mettre la tête sous un robinet d’eau froide pour chasser définitivement ces pensées aussi stériles que la filmographie de Kate Winslet.

 

Veuillez recevoir mes salutations polies.

 
                                                                                                                      Guy Birenbaum

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Cher Guy Birenbaum,

 

Je suis sincèrement désolé d’avoir évoqué, dans mon précédent courrier, vos soucis conjugaux et vous assure de mon total soutien dans ce long combat qu’est le pardon, même si elle n’était vraiment pas obligée de vous tromper avec ce radiologue. Je comprends que cela ait pu vous heurter et vous propose d’oublier cette légère chicane en se recentrant sur ma carrière littéraire, dont l’éclat intemporel gagne en brillances à mesure que les jours de pain noir s’éteignent.

 

En espérant que vous ayez compris la phrase précédente, et pour vous aidez à reprendre vos esprits, je vous propose une idée de nouvelle dont vous me direz des romans : celle d’un jeune arabe en quête d’aventures qui multiplient les exploits pour graver son nom dans le marbre de la célébrité. L’action se déroulerait à Hollywood en 2006, et servirait de prétexte à une étude approfondie de l’homme, de ses attentes, de ses peurs et de ce qui le pousse à survivre dans ce monde hostile à la générosité et à l’amour.

 

En espérant vous avoir enfin convaincu, je débouche par avance une bouteille de champagne et vous prie de venir à la maison avant 22 heures, sinon la sauce du rôti va refroidir.

 
                                                                                                                              Myblack

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Cher Myblack,

 

J’ai bien reçu votre courrier gastronomique daté du 28 septembre, et pris acte de votre désir légitime de tenter l’impossible pour sortir votre vie du marasme dans laquelle elle est plongé depuis maintenant 24 ans.

 

Néanmoins, je tiens à vous informer que votre dernier synopsis est incontestablement le moins médiocre de tous, malgré quelques incongruités scénaristiques dues à une maladresse que j’attribuerai davantage à votre manque flagrant de talent qu’à votre inexpérience.

 

Je reste perplexe quant au cadre du récit – pourquoi Hollywood ? Ca serait comme vouloir réaliser un film à la BNF – mais apprécie l’idée d’un personnage de race arabe à la recherche de son identité dans un univers d’apparence hostile. Je vous encourage vivement à la développer, en recentrant le récit dans un contexte moins contemporain et géographiquement plus porteur.

 

Veuillez recevoir ce que vous voulez, mais vite,

 
                                                                                                                  Guy Birenbaum

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Cher Guy Birenbaum,

 

Merci pour vos encouragements. Bien que j’estime que vous fassiez fausse route en voulant corriger ma nouvelle, je vous livre une mouture plus détaillée et adaptée à vos desiderata, en espérant qu’elle vous comblera de joie :

 

Hicham, un sémite dans la force de l’âge, vit seul avec son père et son mère dans une petite ville du Liban. On ne lui connaît aucune conquête féminine, aucun boulot sérieux. Mais il possède une incroyable faculté à se rendre populaire et une générosité, un don de soi hors du commun. Un jour, il décide de prendre son destin en main et crée un petit commerce qui, en moins d’un an, s’étend à tout le pays puis, progressivement, jusqu’au monde entier.

 

Me tenant aux aguets pour danser le hourra-hop, je vous certifie de ma totale admiration.

 
                                                                                                                                    Myblack

 

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Cher Myblack,

 

J’ai bien reçu votre courrier correctif daté du 1er octobre, et pris acte de votre désir légitime de coller au plus-près de mes exigences.

 

Néanmoins, je sais pas, il manque quelque chose. Oui, oui, y a de l’idée, mais on ressent chez vous un certaine appréhension à vous libérer totalement, à vous lâcher dans la fiction la plus étourdissante possible, de manière à offrir à vos lecteurs un univers fantasmagorique qui leur ferait oublier les petits tracas du quotidien.

 

Accrochez-vous, vous y êtes presque, je le sens.

 
                                                                                                                            Guy Birenbaum

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Mon Guy Birenbaum,

 

Décidément, tu es difficile. Avec le nombre de merdes que tu publies chaque mois, je ne l’aurais jamais cru, mais soit : voici les ajustements demandés. J’y ai mis mon cœur, ma plume, mes envies, mon âme et trente-deux cafés.

 

Hicham, un sémite d’une trentaine d’années, vit seul avec son père professionnel du bâtiment et sa mère légèrement toquée dans une petite ville du Liban, en 33 pendant lui-même. On ne lui connaît aucune conquête féminine, aucun boulot sérieux. Mais il possède une incroyable faculté à se rendre populaire et une générosité, un don de soi hors du commun. Un jour, il décide de prendre son destin en main : de miracles en miracles, il parcoure le pays au cours d'un incroyable périple qui le mène à la célébrité. Adulé par certains, jalousés par les autres, il fonde un petit commerce à son nom et le crucifix fructifie avec douze de ses associés. A la fin du livre, sa mort subtilement mise en scène est un intense moment d’émotion, que sa résurrection renforce encore davantage et le proclame «Homme du millénaire » par le Time Magazine.

 
                                                                                                                              Myblack

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Cher Myblack,

 

J’achète.

 

Passez-donc à mon bureau demain vers 14h30.

 
                                                                                                                        Guy Birenbaum.

 

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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 00:03

Après bien des tergiversations, je me suis lancé dans l’écriture d’un roman. J’avais écris le dernier en deux mois, sans réel espoir de publication, davantage par découverte et initiation que par gloire et fortune.

 

Deux ans plus tard, le récit se précise : l’objectif est d’amasser le plus de fric possible pour quitter la France et vivre en Floride dans une rue goudronnée de millionnaires estropiés.

Je dispose en cela de deux nouveaux atouts :

- une plus grande connaissance de moi-même, de mes envies, de la vie, de mes capacités, de mes désirs, du monde qui nous entoure.

- Guy Birenbaum.

 

Guy Birenbaum lit mon blog, ça vous le saviez déjà si l’observation vous a pris en stop au moment de votre naissance. Ce que vous ne saviez peut-être pas, c’est qu’il existe réellement.

 

Non, et j’en profite ainsi pour démêler les rumeurs colportées – du nom de l’insecte éponyme – de mes lecteurs : Guy Birenbaum n’est pas un hologramme en 2D conçu par un informaticien Japonais à la fin des années 90. Je crois qu’il était plutôt américain.

Le métier de Guy Birenbaum, outre celui de directeur de collection chez Ramsay, est de découvrir des jeunes talents pétris de promesses qui, dans dix à quinze ans, prendront la relève de la vie culturelle française. C’est comme ça qu’il m’a découvert, alors que je venais d’écrire un article sur le cul de Laure Manaudou.

 

Depuis, on s’échange au téléphone les anecdotes dignes d’intérêts de nos carrières respectives, à raison d’une par trimestre.

 

Nous nous sommes rencontrés de nouveau hier soir, dans sa villa près du canal Saint-Martin – la précision ici est importante, Guy Birenbaum possédant à peu-près une villa dans chaque quartier de Paris – pour évoquer les contours de mon futur chef-d’œuvre. Voyant qu’il ne se souvenait de moi qu’avec difficultés, j’empoignai farouchement la parole :

 

« Guy, mon Guy, lâchez donc ce fenouil émincé et écoutez plutôt le synopsis de mon roman : voici l’histoire d’un jeune étudiant en journalisme aimé des femmes, heureux en jeu et bercé par la douceur argentée d’un printemps passé à… »

« Non. Cela me ne convient pas. »

« Guy, mon Guy, laissez moi donc poursuivre mon histoire, au lieu de pousser des cris d’œufs pas frais. D’un printemps passé à butiner sur la… »

« Bon, écoutez, je veux bien que vous ayez du talent, mais il me faudra beaucoup plus qu’un simple roman autobiographique pour me séduire. J’ai des comptes à rendre à la fin de l’année et il est hors de question que je perde mon temps et mon argent avec un quasi-inconnu qui parle de lui à la 3ème personne sur Internet. »

« Oui, c’est normal, Guy. C’est normal. »

« Ecoutez, revenez me voir dès que vous avez une vraie histoire, ok ? »

« Oui, je comprends, c’est normal. »

« Je suis un peu occupé, j’ai eu l’amabilité de vous recevoir sans rendez-vous alors que j’avais prévu de me faire un Tetris Master, mais ce n’est pas une raison pour me tapoter le dos à grands coups de « Guy, mon Guy. »

« Oui, tout à fait, monsieur Birenbaum. »

« Bien. Vous pouvez disposer. »

« Il vous reste un peu de fenouil ? »

« Cassez-vous ou j’appelle la sécurité. »

« Parfait. Je vous remercie, monsieur Birenbaum. Et passez une excellente journée. »

« Je compte jusqu’à trois. Un. »

« Je vous envoie une lettre avec l’ébauche d’un roman dès que possible. »

« Deux. »

« Tiens, j’ignorais que vous aviez un doberman. »

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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 00:01

 

Limiter Gérard Crobard à un cinéaste pédophile aux mœurs lubriques amateur d’alcools, de drogues et du IIIème Reich serait une erreur : l’homme est également un grand voyageur dans l’âme.

 

Après avoir filmé l’entrejambe humide des pagodes chinoises arrosées par la mousson sans lever un regard sur les jupes défleuries des gamines d’à côté sodomisées par Nike pour moins d’un préservatif par mois,

 

 

Après avoir survécu à Guantanamo en y torturant lui-même les terroristes du globe davantage occupés à vider les tours décimées qu’à remplir les salles de ciné,

 

Après s’être compromis dans un remake des Parapluies de Cherbourg sobrement intitulé Les deux mamelles de Rothschild sans même en avertir Nadine, la principale intéressée,

 

 

Après s’être personnellement comparé à Brad Pitt sous prétexte que, comme lui, de 1975 à 1982, il a passé sept ans au bidet,

 

Après avoir subi 150 refus de la part de Michael J Fox pour tourner dans son Retour vers le Futuroscope où l’acteur devait camper un père de famille allemand au volant d’une Volvo incapable de dépasser les 60 kms/h s’apercevant au bout de trois heures de route qu’il a oublié son gamin de deux ans dans la Citadelle du Vertige, et ce sans reprendre sa respiration,

 

Après avoir montré son loup en vociférant des insanités à l’actrice principale du Silence des Agneaux,

 

Il sera tout le mois de décembre en déplacement pour tourner un film dans une contrée inconnue. Objectif ? Donner un point final à sa carrière déjà bien remplie.

Le Blog de Myblack lui souhaite bonne chance.

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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 00:00

Ah, les enfants. Il aura quand même fallu attendre l’invention des cartouches baveuses d’imprimante Epson Ó pour trouver en ce bas-monde un truc aussi sale, bruyant et insupportable qu’eux. Je remercie ma mère de n’en avoir jamais fait – c’est du moins ce qu’elle m’a assuré.

 

Laissez-moi douter sérieusement de l’utilité de ces gens-là : incapables de parler football sans zazouiller toutes les dix secondes, ils profitent de leur bobine rondelette pour susciter l’émerveillant de toutes les femmes du monde ou presque, et des nichons qui vont avec. Chérie, écoute moi : je suis partant pour avoir des gosses, mais à condition que moi aussi, je puisse jouer avec tes roploplos. Et s’il faut que je me mette à baver en portant une couche pour cela, je le ferais ! La moitié du chemin est déjà accomplie.

 

Je n’imagine pas être père avant de posséder un boulot stable, aux horaires fixes et grassement rémunéré. Pour info, je suis étudiant en journalisme. Que penses-tu de l’adoption, mon amour ?

 

Lorsque nous aurons acheté sur le net un bambin de l’ouest du Vietnam, pour le prix d’à peine un abonnement d’un an en tribune présidentielle au PSG, la question de la crèche se posera rapidement.

Il est en effet hors de question que j’emmène mon futur petit Anh Minh en reportage à Kaboul pour filmer des talibans. Remarquez, il pourrait faire une excellente monnaie d’échanges contre ma libération, si jamais je suis capturé… Non, mauvaise idée : les Asiatiques n’ont aucune valeur marchande.

Ne voulant en aucun cas mélanger mon enfant avec le sang des vôtres – c’est un coup à ce qu’il tombe malade -, j’ai déjà choisi la CIGC, la Crèche Individualisée de Gérard Crobard.

 

Quoi de mieux qu’un prospectus en guise d’argumentation ?

 

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Prise par votre travail, vos loisirs ou en levrette par votre mari ?

 

La CIGC est le remède de tous vos soucis !

 

Structure d’accueil destinée aux tout-petits à partir de trois mois, elle s’occupera de vos enfants gratuitement !

 

Non, vous ne rêvez pas : gratuitement !

 

45m² entièrement dédiés à l’éveil des enfants dans un cadre agréable : une cuisine, un canapé, une télévision, une cave et dix-huit chambres. «Un bibi et au lit !» chantait Patrick Bruel au Café des Délices ! Une devise adoptée par Gérard Crobard, alias «le porc de Tunis», à la tête d’une équipe de professionnel composée uniquement de lui-même.

 

Il se chargera lui-même des vaccins pour soigner les maladies de vos rejetons ! (mais pourra éventuellement leur en filer d’autres).

 

Ambiance ludique et colorée, avec, en bonus, un atelier d’apprentissage des premiers mots et phrases (allant de «Non, non, s’il te plaît» à «D’habitude c’est papa qui me dit de me mettre tout nu.»

 

La CIGC, une formidable école de la vie.
 

La CIGC décline toute responsabilité en cas d’harcèlement sexuel, d’attouchement sur mineurs ou de petites culottes défraichies.

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27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 20:00

 

 « Salut, c’est Henri-Fabien Shweeps, en direct de Las Vegas où je vais vous commenter en direct la finale du World Poem Tour avec Patrick Bruel. Le vainqueur de ce World Poem Tour, compétition mixant la poésie avec les subtilités du poker, empochera la coquette somme de 3 millions de dollars ! » 

« Largement de quoi s’acheter un soufflé au fromage, Henri-Fabien ! » 

« Hein ? Ah, euh… Oui, bien sûr. Place maintenant à la présentation des deux derniers concurrents du tournoi. » 

« Il te reste des bières ? »

 

 
Dominique De Villepin nous vient de France. Un jeu plutôt conventionnel qui repose sur une maîtrise parfaite des probabilités qu’il a patiemment révisé au cours de ses derniers mois. Joueur opportuniste, vainqueur de l’Open de Barcelone et finaliste à Vancouver, il impressionne par son charisme à la table et la qualité de ses relances. Successeur présumé des Verlaine et Rimbault, il possède 2,2 millions de jetons.

 

 

Arkoum est Géorgien, de Batoum plus précisément. Ce bluffeur fou est imprévisible. Il va dans tous les coups, bons ou mauvais, et rares sont les flops qui l’effraient. Son style foudroyant mêlant jeunesse et fougue lui a permis, l’an dernier, d’infliger la bagatelle de 839 bad beats à ses adversaires. Une parfaite gueule de jeune con qui déstabilise ses opposants. Il dispose de 700 000 de jetons.

 

 

 « Ma foi Patrick, tout cela me semble très prome… » 

« Quelle erreur du Belge ! Quelle erreur ! »

« Il ne s’est encore rien passé, Patrick. »

« Ah oui pardon. Exact. J’étais en bluff. »

« Et le croupier sud-africain donne les premières cartes aux participants, sur lesquelles ils inscrivent leurs strophes. »

« C’est toujours un grand moment. »

« Et voici Arkoum d’entrée qui met tapis ! Quel courage, Henri-Fabien ! Ce Géorgien ne doute généralement de rien. »

« Comme la plupart des abrutis, Patrick, comme la plupart des abrutis. Tout ça pour voler la blind du Français, en plus. Oh mais attendez… ! »

« Incroyable ! Dominique de Villepin paye ! Il a senti un jeu très faible chez son adversaire soviétique ! »

« Voyons ce que nous réserve le flop : Tourteaux, dépouille, oursin, tourteaux et scotch. Tirage difficile, Patrick. »

« Les deux joueurs sont à tapis, c’est à Dominique de Villepin de déclamer en premier ses cartes. »

 

 

Dans le noir de la pièce, le frigo se dessine

A tâtons je cherche l’interrupteur mais ne trouve qu’une dépouille

Me cassant la gueule sur le sol, j’insulte la mère de Sim

Puis remonte à l’étage en me grattant les couilles

 

Il a trouvé une paire avec dépouille, ce qui n’est pas si mal. Mais voyons la poésie d’Arkoum. 

 

 

Sur les ponts de la seine se jettent les chômeurs

Ils font Plouf, ils font Plaf, des bulles et des splash

Je ramasse leur dépouille et fouille les manteaux

Pas de montres ni d’argents, simplement des tourteaux  

 

 

« Sublime ! Un brelan avec tourteaux ! Il obtient un brelan avec tourteaux ! »

« C’est remarquablement joué. Remarquablement. »

« Et Arkoum double son tapis. Il est maintenant à 1,4 millions, Dominique ne disposant plus que de 1,5 millions. Ils sont presque à égalité ! »

« Allez, au tour du Français de s’exprimer. Il semble jauger son adversaire. Il le relance. Classique. Nous sommes en duel, il faut être agressif. »

« Ca n’impressionne pas le Géorgien qui call sans hésiter. »

« Place au verdict du flop. »

« Bassine, caniche, sodomie. »

« De multiples possibilités. Un tirage couleur, même, avec caniche. »

« A Arkoum de parler en premier. Il décide de miser avec :

 

J’ai envie de chier depuis vingt minutes

 

« Un beau coup. »

« Il tente probablement le tirage à la sodomie. A moins qu’une paire improbable ne sorte ensuite, mais j’en doute. »

« Le Géorgien réfléchit. »

« Il a vraiment de très longs cheveux. »

« Tout à fait. Il fixe son adversaire tricolore dans le blanc des yeux. Celui-ci paye sans hésiter ! »

 

Au survol de l’acrostiche, j’aperçois la corniche

 

« Dominique est clairement favori, là. »

« Vous en êtes certain ? »

« Pas vraiment, j’ai du mal à saisir les règles de ce sport, en fait. »

« Ah, vous aussi. »

« Tiens, le Géorgien semble crispée. L’enjeu, probablement. »

« Ou cette fameuse envie de chier, tout simplement. »

« Quoiqu’il en soit il fait parole. Il laisse le soin à Villepin de miser au turn.

 

Au survol de l’acrostiche, j’aperçois la corniche

Où le soir, ma mie, épuisée, tu te niches

 

« C’est pas mal. »

« Oui. C’est joli en tout cas. Mais j’ignore si c’est réellement efficace ou pas. »

« En tout cas il a l’air ravi. »

« Tiens, mais que fait le Géorgien ? »

« Il épluche un radis. »

« Un quoi ? »

« Un radis. »

« Où voyez-vous un radis ? »

« Bah entre les mains d’Arkoum. »

« Ah oui, effectivement. Un radis. »

« Un beau radis bien tendre. »

« Ca s’épluche, un radis ? »

« Je sais pas, mais en tout cas il le fait. »

« Et il le fait bien. »

« Quel brio. »

« Le Français lui demande de s’activer. Pas très fair-play, ça. »

« Ca fait quand même dix minutes qu’il épluche son radis, l’autre. »

« Ah oui ? »

« Ouais, il avait commencé avant. »

« On dirait que l’ambiance s’enfielle. »

« Pas compris votre mot. »

« De quoi ? Oh, le Géorgien monte sur la table ! »

« Il invective son adversaire en lui jetant son radis à la figure ! »

« Attendez, attendez, on dirait qu’il va parler ! »

 

J’ai envie de chier depuis vingt minutes

Mais cette partie de poker me rebute

Mon intestin combat une impossible lutte

Ne manque plus qu’une bassine pour qu’il s’exécute

 

« Sublime ! SU-BLIME ! »

« Le public est interloqué. Au loin, l’arbitre guette ses assesseurs. »

« Quel arbitre ? »

« Le croupier. Le croupier fait également office d’arbitre. »

« Ah. »

 

« Il… il… »

« Oui ? »

« Il semble leur demander les règles. »

« Dominique de Villepin décide de rétorquer à son agresseur. Courageux. »

 

Au survol de l’acrostiche, j’aperçois la corniche

Où le soir, ma mie, épuisée, tu te niches

Près du vent se déploient tes cheveux de caniche

Partageons, si tu le veux, une bouteille de pastiche

 

« Oh là-là, ça ne plait mais alors pas du tout à Arkoum ! »

« Que fait-il ? »

« Il fait caca, Patrick. Il fait caca. »

« L’arbitre le regarde avec attention, tout en consultant le règlement. »

« Un règlement, rappelons-le, écrit en étrusque. »

« L’arbitre demande dans le public si quelqu’un parle étrusque. »

« Pas de réponse. Et pendant ce temps Arkoum bouscule Dominique de Villepin. »

« Le spectateurs apprécient ! »

« Dominique de Villepin qui effectue une roulade arrière, avant de se plonger la tête dans un gâteau au chocolat. »

« Arkoum en profite pour discourir de nouveau.

 

 

Deux poules de luxe m’aguichent, deux poupées célestes

Dans une ruelle sombre, elles répètent les gestes

A genoux la seconde s’affirme comme une peste

A l’impasse, l’autre reste

 

« Il le met sous pression, là. »

« Dominique de Villepin est estomaqué. On dirait qu’il… Oui, il se lance. Il relance, même. »

 

« GNaale soir, quand meuglent les orties

Samatha Fox gnapoil tj-lgfnhn

GGGnhe-Oieke-aidezèmoiheg »

 

« Je n’ai pas tout compris, pour être franc avec vous, Patrick. »

« On dirait qu’il s’étrange, en fait. C’est étrangle. C’est étrange. Pardon. On dirait qu’il s’étrangle. »

« Excellente analyse, en effet. Il s’étrangle. Le gâteau ne passe pas. »

« L’arbitre lui demande d’arrêter et de se relever ! »

« Difficile, avec tout ce vomi. »

« Et revoilà Arkoum qui lui file un coup de pied. »

« L’arbitre ne dit rien. Cela semble valide. »

« Ma foi tout me paraît valide, dans ce sport. »

« Sauf Grands Corps Malade, dans le public. »

« Oh ça s’est petit. »

« Non, c’est Grand Corps Malade. »

« Les oreilles de Dominique de Villepin sont devenues blêmes. Comme, comme… comme… »

« Comme ? »

« Je cherche une rime. »

« Comme Pascal Sellem. »

« Comme Pascal Sellem. Vous êtes sûr ? »

« Je ne suis sûr de rien depuis le début de la retransmission, Patrick. »

« On dirait qu’Arkoum veut en finir. Il met tous ses jetons au centre de la table. »

« Le Français, impuissant, se retrouve contraint d’en faire autant. »

« C’est parti ! Ecoutons Arkoum ! »

 

Nouveau Teraxil 2en1 fraîcheur menthe

Une solution au fluor pour des dents plus fortes

Formule longue durée cliniquement testée

Qui se diffuse jusque dans les zones difficiles d’accès

 

« Imparable. »

« Un grand moment de… De… »

« Vous cherchez une rime ? »

« Non, un truc qui pourrait remplacer le mot « sport ». »

« Un grand moment tout court, alors. »

« Et Dominique s’en va sous les huées de la foule ! Bravo au Géorgien ! »

« Il remporte les 3 millions de dollars ! Bravo à lui ! »

« Et l’arbitre le matraque. Ca, on ne l’attendait pas. »

« Un énième rebondissement. »

« Et l’arbitre sud-africain s’enfuit du plateau, les billets sous le coude. L’outsider a finalement triomphé des deux concurrents. »

« Rendez-vous à jamais pour un prochain numéro. »

 

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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 15:59
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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 00:00

Un jeudi, à Vienne, environ 90 ans avant François Feldman. Dans la cheminée crépitent des pages de l’annuaire déchirées en lambeaux. On se sert un verre, pour précipiter la nuit. Le fauteuil est lourd, il s’éteint à petit feu, guidé par le parfait immobilisme de son prestigieux occupant.

-         « Chéri, t’es allé sortir les poubelles ? »
-         « Ouais, bien sûr. »
-         « Ah ouais ? »
-         « Ouais ouais. »
-         « Te fous pas de moi, Sigmund, elles sont encore dans la cuisine. »
-         « T’as dû rêver. »
-         « Sigmund, je suis pas folle, arrête de me mentir. T’es pas allé les descendre ! »
-         « Ouais non tu dois rêver, laisse moi tranquille, là. »
-         « Je rêve pas putain, elles sont là, devant mes yeux ! »
-         « Ecoute, en vérité j’ignore si je suis bien allé descendre les poubelles. Mais ce dont je suis certain, c’est que l’interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique, et que la porte d’entrée près de la cuisine est la voie royale qui mène au jardin. »

Cette introduction à l’authenticité historiquement invérifiable est le prétexte à un article sur les poubelles, un sujet passionnant au cœur de la vie de millions de Français. Enfin plutôt « était le prétexte », car un facétieux plaisantin a vidé hier soir le contenu de mes fichiers Word, m’obligeant à écrire en toute hâte une notule de remplacement : l’interprétation des rêves.

Puisque je n’y connais absolument rien en interprétation des rêves, j’ai convié le spécialiste mondial et recordwomen chronométrique de la discipline Sigmund Freud à participer à l’article. « Il est malheureusement mort depuis 1939 », m’a certifié sa famille lors d’un entretien téléphonique. « C’est pas grave, même mort, il est plus crédible que tous mes chroniqueurs réunis », j’insistais, avant de baisser pavillon face au coût exorbitant du rapatriement de son cercueil jusqu’à Paris.

Qui allait donc bien pouvoir analyser les onirismes complexes(és ?) de mes patients ? La réponse surgit de l’annuaire, une nouvelle fois.

 Les rêves de nos cobayes :

 
Gérard Crobard, chroniqueur du Blog de Myblack : « Je marche dans Paris sur le cou d’une girafe. A un croisement, j’intercepte un bébé nonchalamment posé près d’une fenêtre : il possède une moustache et, sur son front, est gravée la déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Sur le ciel, à l’instar de la chauve-souris de Batman, apparaît sous la forme d’une ombre le derrière de Julien Doré. Il m’aspire alors, moi et l’enfant, et je me réveille généralement là. »



 
Teckel Enragé, bloggueur : « Je suis une rock star célébrée dans tout l’Auvergne et je fais l’amour avec les plus belles femmes de Clermont-Ferrand. Elles défilent dans ma chambre habillées en courgette et réalisent mes fantasmes les moins assouvis. Soudain, ma mère arrive complètement nue, le corps trempé de Nutella, et je me réveille en sursaut. »


Jean-Michel Lapoisse, célibataire : « Cours d’histoire de fac, portant sur les soulèvements populaires dans l’Europe de la fin du Moyen Age. On nous a imposé une femme comme prof, ce qui est rare. Sur les 29 enseignants qui dépriment dans ma fac, seuls 6 ont du rouge à lèvres. Perso, j’en ai connu 3, avant celle-ci : une grosse vieille, une moche qui essayait d’être comique pour faire passer l’inanité de ses cours et la prof de géo avec les beaux seins. Cette femme-là, j’en avais entendu parler avant : elle n’est pas méchante, mais totalement incompétente. Un mois que les élèves la supportent en complétant ses paroles sur des bouquins. Aujourd’hui, y a plus de monde que d’habitude : il faut s’entretuer pour trouver une place convenable, pas trop près du prof, quoi, et comme j’ai laissé les autres s’entretuer pour la rangée où bivouaquent les rares gens que je connais, je n’ai pas à chercher d’excuses pour fuir leur austérité scolaire. Je me suis donc assis tout en haut, comme un resquilleur du bus, près d’une fille blonde et d’un groupe de 4 étudiants, qu’on appelle les Dalton. Les Dalton, dans l’échelle de popularité de l’amphi, sont entre Déborah et Florent, le mec qui s’habille uniquement avec le maillot du PSG. On les appelle les Dalton parce qu’ils sont 4 et qu’un d’entre eux est vraiment petit : les autres sont de même taille, mais ça suffit pour être accablé d’un surnom qui vous poursuit pendant 3 ans.  Comme prévu le cours est merdique : une crise hussite a éclaté en 1420 en Bohême – ce qui a poussé Joe à fredonner du Aznavour, ce qui a beaucoup fait rire William -, des papes se sont succédés – Averell a sorti que certains papes étaient moins importants que d’autres, qu’ils étaient uniquement là pour assurer la sécurité des habitants, que c’était en fait des « Sous-papes de sécurité », et ça a fait se bidonner Jack et Joe, car William n’a pas compris -, que le Duc de Bourgogne rêvait de réunifier la Lotharingie – Jack a aussitôt demandé à Joe si c’était pas une maladie de l’oreille, la Lotharingie, et Joe, réactif, a répondu que si, que William l’avait eu, et que soit on en mourrait, soit on en restait con à vie, et c’était bien répondu même si c’était pas de lui, cette blague, mais de Mac-Mahon, je crois -, que la ville de Gand, en Belgique, s’est révoltée à plusieurs reprises contre les riches – mais là bizarrement personne a balancé le moindre jeu de mot -, et plein d’autres trucs inutiles que mêmes les filles risquent de ne pas apprendre. Dans leur groupe, contrairement à celui que je forme avec mes camarades, il ne semblait pas y avoir de chef : William tenait simplement un rôle de bonne pâte consentante. Ca me changeait de l’omnipotence de Fred. C’était un groupe vraiment différent du notre, sans doute à cause de l’absence totale de filles : les membres pouvaient s’y lâcher sans crainte. C’est ce qu’ils faisaient, d’ailleurs : les Dalton tournaient à plein régime, et même la blondasse à ma gauche s’est mise à rire de leurs conneries, ce qui m’a immédiatement fait tomber amoureux et, comme j’avais des lentilles, j’ai réussi à lui parler, à la faire rire aussi, ce qui était parfait : ma réussite sociale ne reposant que sur l’humour, ma seule chance de séduire une fille est de la faire rire, puisque physiquement je suis largué, même si j’ai ôté mes lunettes pour gagner en séduction. D’ailleurs, mes blagues fonctionnent mieux que quand j’avais mes lunettes, et pourtant je n’ai pas l’impression d’être plus drôle qu’avant, et en plus elle était très sympa, cette blonde, pour une blonde, pas du tout prétentieuse et tout, non, c’était bien, ce cours ; sans mes lunettes, j’ai tenté plein de choses que je n’avais jamais essayé auparavant, du genre demander son prénom sans l’imaginer cinquante fois dans ma tête, du genre regarder sur sa feuille, la taquiner un peu sur son écriture de fille, du genre les choses que feraient Fred et c’était super, ce cours. J’hasardais même des jeux de mots sur le cours qui plaisaient aux Dalton, surtout à Joe. Mon attention oscillait entre la blonde et leur humour, et, peu à peu, je devenais complice, allié. Malheureusement, les Dalton ont commencé à déraper, incités par l’aisance du dernier rang. Ils ont commencé à être très lourd, à réagir au moindre mot, à envoyer des morceaux de gommes et c’était même plus drôle, et ça a rendu la blonde un peu crispée, si crispée qu’elle n’a plus rien dit du tout. Ca a rendu l’amphi entier crispé, même, tellement que la larve qui servait de prof leur a demandé de se taire, et Joe, William, Jack et Averell lui ont répondu que c’était pas eux, et la prof a dit que si, et qu’ils ont fait que non, que ça devait venir d’à côté, et l’amphi entier s’est alors rendu compte qu’à côté des Dalton y avait un nouveau mec, que ce nouveau mec c’était moi, et que ce nouveau mec, c’était Rantaplan. »

   

L’interprétation de nos spécialistes :

  Fred (attaquant brésilien de Lyon)

 - Gérard Crobard / « Voilà un rêve totalement désorienté, tourné vers l’offensif. Il faut que Gérard conserve certaines bases crédibles, sinon il s’expose à de graves désillusions. Il a fait un bon début de rêve avec de l’intensité mais sans pour autant être efficace dans la concrétisation : il aurait dû interagir avec la girafe, lui parler, jouer au yam’s avec elle, et pas simplement grimper sur son cou. Ensuite, il subi le reste du rêve sans jamais imposer un autre schéma imaginatif, ce qui est très surprenant quant on connaît son goût pour les gestes techniques et la cocaïne. Néanmoins, à en juger par le slip de l’enfant, il a mouillé le maillot, et ça c’est un point positif. »

 - Teckel Enragé / « L’important pour lui est de prendre les filles l’une après les autres, d’enfiler les préservatifs sans calculer et de tout donner, car la soirée est encore loin d’être terminée. Le Teckel est attendu à la tournante mais il espère marquer beaucoup de buts pour ensuite partir vers un championnat plus relevé, comme Paris, Macao ou la Thaïlande. Mais attention tout de même à cette attirance douteuse pour les barres transversales de ses potos. »

- Jean-Michel Lapoisse / « Désolé, j’ai séché l’entraînement, c’était trop fatiguant. Demandez l’analyse à un autre joueur. »

 __________________________________________________________     

 Fred (doublette d’Omar)

  
 - Gérard Crobard / « ouais pas mal pas mal hé bah tu sais quoi ? Je pense que la girafe, de lui, elle en a plein le cou. Hé hé hé ! »

 - Teckel Enragé  / « Apparemment il aime bien le sexe, le clébard, là. Attends me dis rien : il lui a fait la position du lévrier, non ? Hé hé hé ! »

 - Jean-Michel Lapoisse / « Hé ben, pffiou, j’ai pas tout lu, mais ce que je peux déjà affirmer, c’est que Lapoisse, il a pas de chance ! Hé hé hé ! »

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  Fraude (alias Jérôme Kerviel)

 - Gérard Crobard / « Je ne peux rien dire tant que l’enquête suit son cours. »

 - Teckel Enragé / « Je soupçonne fortement ce mec d’avoir truqué son rêve plat et banal pour y augmenter son stock-option de jeunes filles à poil et y multiplier les prises de positions bien dissimulées, du genre inconnues jusque dans le Kamasutra. Par contre il a l’air de s’y connaître autant en bourse que moi.

 - Jean-Michel Lapoisse / « Plutôt aller en prison que d’analyser un rêve pareil ! »

 
 

Merci quand même d’avoir fait le déplacement.

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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 00:00

 

 

Alexandre, pour une fois, s’était lâché à quelques confidences sur sa vie et son histoire amoureuse avec le nouveau pompier de la ville, un type plutôt brun et bien tourné. Firmin connaissait ce sapeur. En civil, il le trouvait gandin et arrogant. Etre pompier, disait-il, c’est vivre du malheur des autres en attendant les flammes pour s’embraser. Enfin Firmin ne disait pas tout à fait cela, mais c’était plus joli en le disant ainsi.

Firmin est un gentil garçon mais, comme tous les gens dont la description commence en ces termes, n’est ni beau, ni drôle, ni particulièrement intéressant, ni particulièrement pompier. Firmin était l’extrême opposé d’un pompier. Autant le pompier était vaillant, volontaire, envoûtant et sculpté, autant Firmin adorait Winnie l’Ourson. Sa grotte fourmillait de pots de miel en pâte à modeler ; sa bibliothèque lisait Walt Disney sur trois étages, le quatrième étant réservé à Maupassant, pour faire genre. Sur son lit à une place, un sourire s’affichait sur une peluche jaune au regard béant. Au centre de son dressing pendaient quatre gilets rouges, copies conforme de celui de Winnie. Il partageait avec lui une gémellité intrigante, et même, selon les dires des moutons de Lazenet, village situé à quelques bêlements de son appartement, une dangerosité certaine. Winnie donnait à croire aux gosses qu'une vie pleine d'oisiveté et de luxure avec la nature était possible sans cotiser à la sécurité sociale. A 46 ans, Firmin n’était plus un gosse, mais appliquait la recette sans modération, quitte à s’engrosser aux dépends des autres. Claudine était l’une de ces autres.

 

Firmin avait faim, de midi à minuit, et n'aurait refusé pour rien au monde cette nouvelle invitation chez un parasite aussi doué pour l’art de la table. Claudine savait recevoir : des louanges drapés dans de la soie, simples remerciements de convives au comble de la satisfaction. Au sommet des accessits : sa tarte aux prunes. Sur son lit à deux places, un sourire s’affichait régulièrement à la lueur de la veilleuse, au crépuscule de la soirée, quand la digestion plongeait dans le sommeil. Le club des cinq se réunissait deux à trois fois par mois. Alexandre en était la tête d’affiche. Il jouissait d’une réputation d’acteur de premier plan à l’échelle du village : lorsque Lionel Jospin était venu en campagne, en 2002, c’est ce bon vieux Alex qui avait ainsi décroché, au terme de castings éprouvants, la lourde tâche de faire coucou derrière la caméra de France Télévisions.

Benoit, lui, jouissait. Avec Véronique, dont les talents d’actrices ne sont plus à prouver, particulièrement au lit. Mais aussi avec Sylvie, 38 ans, dont la carrière d’héroïne littéraire s’arrêta net le jour où Claudine décida de ne pas l’inviter à sa table. En tant que frère du feu mari de l'amphitryon, Firmin s'asseyait à sa droite, près de l'horrible dessin représentant Henri IV orné de dreadlocks. Une composition de son petit-neveu, passionné d’Histoire.

- « Tiens, Firmin, passe moi le pain, s’il te plaît. »

Firmin n’appréciait Benoît qu’avec parcimonie. Il trouvait son couple hypocrite, et Véronique particulièrement laide depuis que cette dernière lui avait servi un dîner loupé, en avril. Firmin se souvient très bien de cette soirée-là : tout du long il avait senti comme une odeur de souffre entre les invités, une animosité larvée prête à bondir à la moindre anicroche. En réalité, c’était le gigot de Véro qui brûlait.

« - J’espère que tout va bien », demanda Claudine, faussement inquiète, pour jauger la température de la table, légèrement plus ardente que sa sauce aux morilles.

La question n’avait pas de sens, sauce aux morilles exceptée. Le plat principal donnait à la succulence sa véritable signification. Les fromages rivalisaient en saveurs, amoureusement accompagnés de Bordeaux. Et le dessert, ce dessert ! aurait même plu à un parisien participant à Un Dîner presque parfait, l’émission culinaire d’M6. Seul Firmin semblait déçu. A la fin du repas il avait jeté un œil dans la cuisine et l’avait aperçue, tellement désirable. Elle l’ignorait, involontairement peut-être, tout en se sentant exquise et irrésistible. Cette fois-ci, contrairement à la semaine dernière, elle n’avait pas fait immersion dans la soirée. Lorsque la porte se referma, Firmin eut des regrets de ne pas avoir osé l’attaquer et rentra chez lui, tout penaud, câliner sa peluche.

 

Cinq semaines durant les sorties chez Claudine se succédèrent. Systématiquement, à la fin du dessert, c’est la déception qui dominait. A contre-courant de l’opinion des autres invités, il maugréait contre sa lâcheté qui l’empêchait d’agir. Ses nuits furent tornades. Il repensait à elle, invariablement, autant que ses draps ne pouvaient le supporter. Pourquoi Claudine la cachait-elle ainsi, à l’abri des bouches incestueuses ?

Un jour, il avait semblé la voir dans une boulangerie. Mirage. Un autre, au supermarché. Mirage. Encore un autre, aux abords d’une église. Mariage. Son goût l’obsédait. Il voulait la prendre, pour lui tout seul. Les journées de Firmin se résumaient par son absence, et il souffrait de ne pouvoir la revoir. Jusqu’au soir où il décida de violer le destin en prenant ses rênes.

 

Ce n’était pas un soir de film d’horreur. Annibal Lecteur dînait chez sa mère, l’orage avait un rencard dans un autre coin du pays et Firmin s’était passé sur le visage une crème anti-boutons pour masquer ses défauts. La réception se déroula normalement. Firmin en sortit le dernier. Là, derrière l’abribus jouxtant la rue Lanceau, sa cachette lui permettait d’être à l’affut des lumières. Une luciole armée d’un couteau. Un bus de nuit éteignit son songe. Il fit un pas de côté. Puis deux. La lumière entoure toujours la maison. Un peu comme un enfant, il marche sur ce chemin de pierre qu’il avait précipitamment fuit vingt minutes auparavant.

- « Elle doit probablement nettoyer »

En effet, Claudine nettoyait. N’aimant guère le désordre, elle s’était occupée des assiettes dès le dernier invité parti, puis s’échinait maintenant à épurer la table de ses miettes. Firmin l’observait consciencieusement. A 9 ans, il avait tranché le corps d’une araignée de taille moyenne sans ressentir la moindre peur, juste pour savoir, comme ça. Il était ensuite passé aux chenilles, par facilité, puis aux souris, par sa cave, avant, vers sa majorité, de s’en prendre aux lapins. Il trouvait les lapins stupides, surtout ceux de son oncle. Firmin n’avait jamais tranché de Claudine, encore moins de Claudine épurant une table de ses miettes. Disons qu’il la trouvait plutôt ingrate, malgré sa générosité. Ses mains ressemblaient à des ventouses, trouvait-il. Firmin préférait de loin Pétunia, sa fleuriste.

Avant de quitter les lieux, il avait pris soin de laisser ouverte la fenêtre de la chambre d’amie, davantage pour pénétrer ensuite en secret dans la maison que pour en aérer l’odeur de bison. Firmin avait découvert ce stratagème dans un polar américain des années 50 diffusé sur le câble, entre deux épisodes de Winnie. La fenêtre n’était pas bien haute, à quelques enjambées du sol, et il arriva à ses fins sans se casser la margoulette. Par contre, il endommagea une latte du lit en se réceptionnant. « En passant par le salon, je pourrais me cacher derrière le canapé », songea-t-il, en dévisageant des deux côtés le couloir aux joues dorées. De la déco, il ne voyait en fait que le doré. Son souffle se faisait de plus en plus prégnant, militaire. Ses lèvres battaient la mesure, accompagnant la lourdeur de ses pas. Il n’avait rien d’un assassin, n’avait ni leur grâce ni leur intelligence d’esprit, mais vivait au XXIème siècle, à une époque où tout le monde se sentaient capables d’incarner tout le monde et d’ouvrir une porte de cuisine. Ca y est. La porte de la cuisine n'existe plus. Les chaises, la litière du chat, le Paic citron dégoulinant près de l'évier s'écartent pour ne laisser dans son champ de vision qu'un arôme terroriste encore introuvable dans le commerce. Elle patiente, au bord de la table. Sa peau l'attire comme un aimant et l'enivre ; ou est-ce ce citron couleur de miel embrassant le lointain ?
Rarement Firmin ne s'était senti assez bien. Lestement, il raccourcit la distance le séparant de l'irréparable. «J'ai envie de la trancher, se dit-il, j'ai envie de la trancher.» Sa robe vire au violet. Des turgescences se font plus précises, et quelques miettes l'entourent. Elle se sait déjà morte, c'est certain. L’aiguillon de la faim le provoque, le brave. Il cède et l'entaille d'un coup bref en plein milieu de la chair. Elle est un peu dure, résistante, comme il les aime. On aurait dit un vagin tellement elle était douce, des cils tellement elle irradiait.

Il émettait de sa bouche des sons venus de l’espace quand Claudine intercepta l’éruption extatique de ses vaisseaux.

- « Firmin ! Qu’est-ce qui t’arrives ? »

Firmin consommait sa gourmandise. Il s’excusa poliment en lâchant sa proie.

- « Excuse-moi, mais je n’avais pas le choix », manquait-il de pleurer.

Claudine ne comprit pas. L’un de ses meilleurs amis avait souillé son bébé, sans raisons.

- « Je suis désole, Claudine, je, je… »

- « Il suffisait de me le demander, tu sais, murmura-t-elle. Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? »

En contemplant cette tarte aux prunes, Firmin eu quelques regrets. Il en avait mangé un bon quart, s’était goinfré en égoïste, et, même si elle était aussi bonne que dans ses souvenirs, regrettait pour cela d’avoir cassé une latte de lit.

-« Elle est pour mon petit-neveu. Il n’habite pas loin et vient toujours les dimanches me voir. Il adore les tartes aux prunes. »

L’univers entier adorait ses tartes aux prunes. Claudine restait gentille, malgré la colère. Elle avait enfilé un pyjama jaune, qui soulignait non sans amertume ses formes replètes. De près, on aurait cru voir un pot de miel. Le même ton, les mêmes odeurs, la même stature. Claudine était un pot de miel et l’on approchait de minuit, l’heure du goûter nocturne. Firmin reprit son couteau.

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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 15:28


Le retour du Canard Libéré m'enchante : il m'offre un quatrième blog à visiter pendant mes heures de boulot. Plus que 6 490 et je pourrais tournoyer sur le web toute une journée sans lever le pouce. J'apprécie ce site, et j'avoue même m'en être inspiré pour baptiser mon site. Le Blog du Myblack est bien évidemment un hommage au fameux Blog de foie gras de Canard, mais également une référence musicale au Max d'Hervé Cristiani qui, comme mon confrère, est libre. J'ignore pourquoi je parle de ça mais, dans tout les cas, leur dernier article proposait 10 bonnes raisons de porter des Converse. Il m'a moyennement intéressé vu que je ne porte pas de Converse au pied, mais des barquettes de roquefort Société. Voici donc 10 bonnes raisons de m'imiter :



- L'odeur du fromage macéré masque aisément celle de vos panards

- Imiter le look d'un star est un excellent moyen de devenir populaire et de se faire des meufs, du moins si elles aiment le roquefort

- Doper les ventes des producteurs de fromages auvergnats, forts sympathiques,  tout en provoquant la chute des confectionneurs de chaussures, dont l'un des représentants du syndicat possède une fille qui n'a pas voulu m'embrasser sur la bouche en 4ème.

- Une Barquette c'est comme une basket, mais avec une lettre de différence et 80 euros en moins.

- Plus besoin d'appeler votre mère pour faire ses lacets !

- Joindre l'utile à l'agréable face aux chômeurs : au lieu de simplement avoir mal en se prenant votre pied au cul, ils auront certes toujours mal mais pourront se consoler en grignotant les traces de semelles.

- Il est extrêmement difficile de tartiner une tranche de Converse sur du pain, même en insistant.

- Faire découvrir aux petits enfants chinois, indonésiens, indiens ou laotiens le charme gustatif du fromage, entre deux coups de fouet

- Joindre l'utile à l'agréable face aux
petits enfants chinois, indonésiens, indiens ou laotiens, lors de vos voyages en Chine, Inde, Indonésie ou au Laos, en leur permettant de grignoter eux aussi des traces de semelles.

- Merci de m'aider pour la 10ème.

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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 11:35

J'ignore si les murs ont des oreilles, mais ce dont je suis certain, c'est que la chambre de ma mère est recouverte de cérumen. Mon père étant aussi doué en papiers-peints qu'en bricolage, nous mangeons tous les jours debout à midi près de morceaux de chaises en décomposition. Du moins lorsque je mangeais encore avec mes parents.

L'avantage de vivre en couple avec une personne du sexe opposée, c'est que personne te demande en plein dîner «alors, ça en est où avec ta nouvelle copine ?» Ou alors la personne avec laquelle tu vis en couple est vraiment open, mais ce n'est pas mon cas. Je vais pas vous faire la blague du «chez moi on se partage les tâches : ma femme prépare la bouffe et moi, je la mange», mais elle correspond parfaitement à la réalité.

D’ailleurs, je rédige cette note succincte en attendant que son omelette cuise, et pour patienter, je chante, à défaut de l’aider.

Il est bientôt midi si vous êtes abonné à ma newsletter et que vous consultez souvent vos mails, alors je vous propose de deviner le titre de ma chanson par une charade approximative.

Bon appétit à tous.

 


Mon premier est ce qui voile la lumière
Mon second est la coiffure de tintin
Mon troisième est ce qu'on met dans la bouche des enfants
Mon quatrième vit dans un igloo.

Mon tout correspond aux premières paroles d’une chanson française célèbre.

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