George-Alain Moustiquaire a donc été consacré par les lecteurs du Blog de Myblack, au terme d'une campagne riche en débat vaporeux et justifications évasives-comme je te pousse. Après avoir dépoussieré ma femme comme un mari galant se doit de le faire, en repensant lors de l'acte charnel à ces starlettes pailletées dévorées à Cannes, je l'ai rencontré sur une bande d'arrêt d'urgence d'autoroute entre Cergy-Pontoise et Moissy-Cramayel.
Lui : - Pardon ? Au quoi ?
Moi : - Surpris, hein ? Faut croire que t'as été choisi. Tu vas pouvoir te la couler douce pendant l'été, tranquille, la verge dans le bac à glacon.
Lui : - De quoi parlez-vous ? J'ai reçu un coup de fil me demandant de venir sur cette autoroute, il était de vous ?
Moi : - Un type un peu bourru qui t'as demandé si ta mère était encore vierge ?
Lui : - Oui.
Moi - : Ok, c'était moi, oui.
Lui - : Pour quelle raison ?
Moi - : Ton stage au Blog de Myblack a été accepté. Wow, t'es si long à la détente que t'aurais pas fait long feu chez Sergio Leone, toi !
Lui - : Quel stage ? Oh putain, elle l'a fait !
Moi - : Quoi ?
Lui : - Ma petite soeur. Je pensais qu'elle plaisantait quand elle m'a annoncé qu'elle m'avait inscrit à un concours ! La salope !
Moi : - Merde, on va être obligé de recruter le melon. Enfin remarque ça changera pas foncièrement de Myblack.
Lui : - Je suis payé combien pour ce stage ?
Moi : - Comment ça ?
Lui : - Je suis payé combien ?
Moi : - De ?
Lui : -Pour le stage.
Moi : - Quel stage ?
Lui : - Le vôtre
Moi : - Mais que vient faire le verbe "payer" dans une phrase parlant du "Blog de Myblack" ?
Lui : - C'est bénévole, en plus !!
Moi : - Non, pas du tout. Mais vous travaillerez gratuitement, par contre. Nos problèmes financiers nous obligent à une certaine restriction dans la promenade de nos porc-tirelires.
Lui : - Vous me prenez vraiment pour un gland !
Moi : - Et le mythe du Blog de Myblack ? La possibilité d'écrire quelques pages de la fantastique histoire de ce Blog, vous en faites quoi ?
Lui : - Je m'en fous ! Foutez-moi la paix, avec vos conneries !
Moi : - Et nos centaines de lecteurs quotidiens ? Leurs commentaires élogieux et profonds sur l'insipidité de la vie et le caractère ubuesque de l'existence ?
Lui : - Je n'ai pas besoin de ça !
Moi : - Et la douce chaleur des mots superfétatoires s'alignant comme des soldats par l'encre de votre plume, vous y avez pensé ? Et l'intense sublimité des paroles gravées dans l'écrit rompant la lourdeur du quotidien par ses flèches de bravoures et la véracité de leurs propos, vous vous en foutez, c'est ça ? C'est ça ?
Lui : - Oui ! Je m'en balance comme de ma première omelette au crabe ! Je laisse ça aux polémistes de la Ferme Célébrités, les troufions de la morale subversives !
Moi : - Lulla Paf vous montrera ses nichons.
Lui : - Où dois-je signer ?
Le garçon me semble attachant. Nous avons dîné près d'une station essence TOTAL, copieux repas constitué d'un demi-sandwich Daunat à la moutarde chacun. Le jeune homme buvait son Fanta sans même l'ouvrir, comme le font les fakirs indiens un peu trop réservés. L'orange chimique coulait le long de ses lèvres, sa pomme d'Adam faisait "poum ", skiait sur la piste de sa beauté lunatique. Je lui pris la main, comme un père à son enfant - ou comme je le fais aux enfants des autres. Surpris, il me sourit, ses dents émergeaient de la tristesse albâtre de son visage. Nous étions comme deux véliplanchistes sur la plage de Cabourg, le soleil stimulait nos corps imbibés de vapeurs d'essences. Il sentait bon l'hydrocarbure, l'éphèbe, et je sortis de ma bouche une brioche aux pépites de chocolat si sexy que même Mère Téresa aurait succombé à ses miettes ; et il en fit de même avec sa canette, ingurgitant une dernière goutte de plaisir fruitée dans sa gorge chaude et salivaire, et, alors que nous nous caressions, le pompiste s'est approché de notre nappe en gueulant "HEY LES PEDES, CA VOUS DIRAIT PAS D'ALLER VOIR AILLEURS ? VOUS GENEZ LE PASSAGE, LA !"
Nous l'avons amoureusement, ensemble, pété la gueule dans le local administratif prévu à cet effet.
