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4 juin 2008 3 04 /06 /juin /2008 00:00

-  Et ici, mesdames et messieurs, vous pouvez entrapercevoir une inscription picturale de la fin du XXème siècle.
-     On dirait du Braque, non ?
-        L’auteur de cette œuvre est malheureusement anonyme, chère madame.
-        Ce rose n’est-il pas un tantinet trop néoclassique ?
-        Il faudrait pour cela demander à l’auteur, madame…
-        Monsieur le guide ?
-        Oui ?
-        Qu’est-ce que c’est, ça ? En bas du tableau ? N’est-ce pas le nom de l’auteur ?
-        Ca ? Non, pas du tout. Il s’agit de l’endroit où la pièce a été conçue. Le village ou le département de naissance de l’artiste, probablement, même s’il est difficile d’en être totalement certain.
-        Givenchy ?
-        Dans le Rhône.
-        Ce qui expliquerait sa pollution ! (rires)
-        Excellent, vraiment excellent. Bien, poursuivons la visite, je vous en prie. Voici un second tableau, d’influence hollandaise. Sa perspective est vraiment inhabituelle, et s’organise autour de trois niveaux de profondeurs. Au premier plan une jeune femme aux habits absents attend son mari parti à la guerre. Au second plan, des biches violettes jouent au Docteur Maboul en sirotant des Yop. Enfin, la lumière discrète rend hommage aux veilleurs de nuits bretons qu’on peut discerner à l’arrière-plan.  
-        C’est étrange. 
-        Oui ?
-        Cela ressemble quand même vachement à une publicité pour Eurodisney. Enfin je dis ça peut-être ça parce que j’y connais rien en peinture, du coup enfin je vois pas les mêmes choses que vous, qui vous y connaissez vachement.
-        Tout à fait.
-        Ah ok.
-        Ce bruit lancinant fait-il également partie de la visite ?
-        Cet espèce de frottement vrombissant saupoudré de murmures impalpables, vous voulez dire ?
-        Oui.
-        Oui, mais nous irons à sa rencontre tout à l’heure, en fin de journée. Le musée est si grand, chaque chose à la fois. Ah, voici une fresque rupestre datant de la fin de la préhistoire. Vous pouvez voir les ravages du temps dans hé restez à l’arrière !!
-        Ah, pardon. Je voulais simplement voir de plus près…
-        Il est interdit de toucher aux pièces de l’exposition !

 

 













-
       
Ok, ok. Pardon…
-        C’est beau, ces couleurs d’époque.
-        Elles semblent si proches de nous et si loin à la fois.
-        Oui, surtout avec la distance de sécurité imposée par le guide.
-        Une vraie toile de maître.
-        En effet. D’ailleurs je le vois même écrit en bas du tableau : « va te faire mettre »
-        Pour une première à Paris, nous sommes gâtés !
-        Cet amas de culture à portée de doigts, pour presque rien !
-        Bernard, quel est le nom de l’artiste ?
-        Attends chérie, je me rapproche… Alors… Renoi.
-        Auguste Renoir ?
-        Non. Renoir. Sale Renoi. Son frère, peut-être.
-        Bon, bon, changeons de salle. Allez, tout le monde me suit !
-        Ou son oncle, peut-être.
-        Sa mère ?
-        Son chien ?
-        Oh, regardez !

 

 














-
       
C’est splendide !

-        Mesdames et messieurs, voici un parangon de finesse, une frêle esquisse du génie de Leonard de Vinci. Ce tableau a été peint en 1441 par l’artiste florentin puis racheté en 1497 par Louis XII. Une œuvre vraiment étonnante de l’artiste.
-        Leonard de Vinci n’est-il pas né en 1452, monsieur le guide ?
-        Si. C’est pour cela qu’il s’agit d’une œuvre vraiment étonnante.
-        Les fauteuils jaunes font-ils partie de la fresque ?
-        Tout à fait, ils sont d’époque.
-        Et ce tableau-là ?

 

 













-
       
Un bleu typiquement viennois, vous ne trouvez pas ?

-        J’aurais davantage dit romain.
-        Il ne s’agit pas d’un tableau, mais d’un lieu de prière médiéval.
-        Vraiment ?
-        Oui. Saviez-vous qu’au moyen âge, les lépreux et les vagabonds en décomposition lombaires se réunissaient autour de ce lieu de culte pour implorer la grâce du seigneur ?
-        Oh…
-        Oh…
-        Et que sont ces noms étranges ? Odéon ? Raspail ?
-        Des divinités du cru. Saint-Michel était considéré comme le protecteur des détrousseurs de chemin, qui profitaient de l’innocence des promeneurs naïfs pour s’emparer de leurs économies. 
-        Eh ben.
-        Ca fait froid dans le dos.
-        Oh, regardez !
-        Oh !
-        Oh !
-        Quoi ? Où ça ?
-        Oh !
-        Messieurs, mesdames, gardez votre calme !
-        Qu’est ce qu’est ?
-        On dirait une sorte d’ours empaillé
-        Y a-t-il donc des ours à Paris ?
-        Plus qu’en Bretagne, certainement ! (rires) 
-        Ca nous change de Concarneau, c’est sûr ! Un ours empaillé ! Incroyable !
-        Non, ce n’est pas un ours empaillé. Il est vivant.
-        Un ours vivant ? Si on nous avait dit que le comité d’entreprise nous permettrait de rencontrer des ours en captivité, aucun d’entre-nous ne l’aurait cru !
-        Excusez-moi, monsieur le guide, mais de quelle nationalité est cet ours ?
-        D’Europe de l’Est.
-        Slovène ?
-        Non. D’Europe de l’Est. Je peux l’affirmer grâce à ces grognements, mais le fait qu’il ne possède pas de papiers d’identité m’empêche d’affiner son lieu de baptême.
-        Il a l’air si doux.
-        Ne vous fiez pas à son regard implorant d’humanité et sa main tendue vers vos sacs : il est particulièrement dangereux et nuisible.
-        Son œil torve danse de travers, comme dans les chorégraphies de Kamel Ouali. Il me paraît malade.
-        Il faudrait s’en occuper, non ? Pauvre chou.
-        J’ai envie de le prendre dans mes bras, ce gros nounours poilu.
-        Il ressemble tant à ton père, tu ne trouves pas Bernard ?
-        Il doit se sentir seul.
-        Détrompez-vous, mesdames et messieurs : ce musée est en rempli. Il suffit simplement de ne pas y prêter attention. De ne pas prêter tout court, d’ailleurs, de ne pas prêter, ni donner.
-        On dirait qu’il veut parler !
-        Non, ce sont justes des borborygmes. Allez, messieurs et mesdames, continuons la visite.
-        Il me reste un morceau de sandwich, peut-être serait-il bon de…
-        Non ! Il est formellement interdit de nourrir les animaux !
-        Et même le petit ?
-        Même les petits des animaux, oui !
-        Mais c’est terrible.
-        Pauvre bête.
-        J’ai peur pour lui. Il a l’air si fragile, si innocent, dans ce long couloir gris.
-        Bon, mesdames et messieurs, si vous voulez continuez la visite et laissez ce SDF tran… euh cet ours tranquille, nous allons…
-        Ce quoi ?
-        Il a dit SDF ? Hein ? J’ai pas rêvé ? Il a dit SDF ?
-        Un SDF ? Ou ça, un SDF ?
-        Maman, maman, j’ai peur !
-        Un SDF !! Au secours !
-        Que tout le monde garde son calme !
-        Un SDF !!! Un SDF !!
-        D’Europe de l’Est ! Un SDF d’Europe de l’Est ! Au secours !!
-        Ah ! Mon dieu !
-        Au secours ! Bernard ! Bernâââârd !!!! Bernââââââârd !!!

 

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commentaires

L
Vraiment superbe !
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L
j'en reste coi, tant de culture^^serieux, c'est bien vrai et c'est ça qui fait peur qd meme
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L
alt + 0199 = Ç
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N
C' est magnifique Myb, du grand Art. J' en suis bouche bée.Bisous, t' es le meilleur.
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Q
CHANTAL SEBIRE, dites-vous ?Attendez, bougez pas, je vais jeter un OEIL sur google.
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