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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 00:38

Cher Guy Birenbaum,

 

Merci d’avoir accepté de publier mon prochain roman dans votre maison d’édition. C’est un honneur de travailler avec un homme tel que vous, et je tâcherais de vous rendre au centuple la confiance que vous m'avez donnez.

 

Je suis heureux de constater que ce récit d’un blogueur cynique étudiant en journalisme vous a plu, et espère vous revoir prochainement pour évoquer plus en détails les termes du contrat d’édition.

 

Votre ami fidèle,

 

                                                                                                                               Myblack.


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Cher Myblack,

 

 

J’ai bien reçu votre courrier flagorneur daté du 22 septembre, et pris acte de votre désir légitime de publier vos écrits dans un cadre moins intimiste que le blog.

 

Néanmoins, je tiens à vous informer de ma parfaite santé mentale et, par conséquent, de mon total refus à ce dessein certes ambitieux mais avant tout ruineux, venant d’un obscur étudiant en journalisme dont la seule idée de roman consiste en l’adaptation glorifiée de sa vie indigne d’intérêt.

 

Chez Ramsay, nous recherchons avant tout des projets originaux et novateurs, dans le style et l’idée. Le synopsis de votre oeuvre est loin de satisfaire à ces prérogatives, et je vous serais gré de vous tourner vers des métiers plus terre à terre comme ceux de charcutiers-traiteurs ou obstétriciens, où votre absence totale d’imagination ne sera pas un handicap.

 

Veuillez recevoir mes sincères salutations.

 
                                                                                                                            Guy Birenbaum

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Cher Guy Birenbaum,

 

Votre peur de l’inconnu est légitime. Van Gogh lui-même n’a été applaudi qu’à sa mort, et certains, de nos jours, osent encore critiquer le talent de Mike Brant. Il s’agit-là d’une réaction humaine parfaitement compréhensible de la part d’un éditeur qui en a vu passer, des branquignoles. Je suis conscient de la dureté quotidienne de votre métier et des soucis financiers de votre entreprise qui, ajoutés à ceux de votre couple, vous obligent à une certaine méfiance dans vos choix.

 

Je tâcherais donc d’être plus rassurant que les dernières radios de votre femme : oui, mon style et mes idées sont novatrices, et pourraient à elles seules renflouer les caisses de votre navire en perdition. Concevant qu’une autobiographie est un genre éculé – la faute aux médiocres qui l’ont exploitée avant moi -, je vous propose une seconde idée de roman dont vous me direz des nouvelles : celle d’un gigantesque paquebot en course vers les Etats-Unis qui, stoppé dans son élan par un élément naturel de type glacier, sombre en pleine mer avec à son bord pas moins de six marins ivres et deux passagers clandestins de type pakistanais.

 

Dans l’attente de votre appel enthousiasme, je vous souhaite une excellente journée – du moins si vous arrivez à tenir jusque là sans m’appeler.


                                                                                                                                          
Myblack

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Cher Myblack,

 

J’ai bien reçu votre courrier présomptueux daté du 26 septembre, et pris acte de votre désir légitime de vous accrocher à mes basques comme des pellicules dans les cheveux de Christophe Willem.  

 

Néanmoins, je tiens à vous informer que votre second projet de récit est tout aussi ridicule que le premier, et considère qu’il est de mon devoir d’y répondre négativement, par soucis de préservation de la forêt amazonienne et de la santé mentale d’éventuels lecteurs qui s’échoueraient par mégarde sur cet assuré naufrage littéraire.

 

Cette histoire de rafiot est trop tirée par les cheveux pour intéresser quiconque, et je vous suggère plutôt de vous mettre la tête sous un robinet d’eau froide pour chasser définitivement ces pensées aussi stériles que la filmographie de Kate Winslet.

 

Veuillez recevoir mes salutations polies.

 
                                                                                                                      Guy Birenbaum

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Cher Guy Birenbaum,

 

Je suis sincèrement désolé d’avoir évoqué, dans mon précédent courrier, vos soucis conjugaux et vous assure de mon total soutien dans ce long combat qu’est le pardon, même si elle n’était vraiment pas obligée de vous tromper avec ce radiologue. Je comprends que cela ait pu vous heurter et vous propose d’oublier cette légère chicane en se recentrant sur ma carrière littéraire, dont l’éclat intemporel gagne en brillances à mesure que les jours de pain noir s’éteignent.

 

En espérant que vous ayez compris la phrase précédente, et pour vous aidez à reprendre vos esprits, je vous propose une idée de nouvelle dont vous me direz des romans : celle d’un jeune arabe en quête d’aventures qui multiplient les exploits pour graver son nom dans le marbre de la célébrité. L’action se déroulerait à Hollywood en 2006, et servirait de prétexte à une étude approfondie de l’homme, de ses attentes, de ses peurs et de ce qui le pousse à survivre dans ce monde hostile à la générosité et à l’amour.

 

En espérant vous avoir enfin convaincu, je débouche par avance une bouteille de champagne et vous prie de venir à la maison avant 22 heures, sinon la sauce du rôti va refroidir.

 
                                                                                                                              Myblack

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Cher Myblack,

 

J’ai bien reçu votre courrier gastronomique daté du 28 septembre, et pris acte de votre désir légitime de tenter l’impossible pour sortir votre vie du marasme dans laquelle elle est plongé depuis maintenant 24 ans.

 

Néanmoins, je tiens à vous informer que votre dernier synopsis est incontestablement le moins médiocre de tous, malgré quelques incongruités scénaristiques dues à une maladresse que j’attribuerai davantage à votre manque flagrant de talent qu’à votre inexpérience.

 

Je reste perplexe quant au cadre du récit – pourquoi Hollywood ? Ca serait comme vouloir réaliser un film à la BNF – mais apprécie l’idée d’un personnage de race arabe à la recherche de son identité dans un univers d’apparence hostile. Je vous encourage vivement à la développer, en recentrant le récit dans un contexte moins contemporain et géographiquement plus porteur.

 

Veuillez recevoir ce que vous voulez, mais vite,

 
                                                                                                                  Guy Birenbaum

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Cher Guy Birenbaum,

 

Merci pour vos encouragements. Bien que j’estime que vous fassiez fausse route en voulant corriger ma nouvelle, je vous livre une mouture plus détaillée et adaptée à vos desiderata, en espérant qu’elle vous comblera de joie :

 

Hicham, un sémite dans la force de l’âge, vit seul avec son père et son mère dans une petite ville du Liban. On ne lui connaît aucune conquête féminine, aucun boulot sérieux. Mais il possède une incroyable faculté à se rendre populaire et une générosité, un don de soi hors du commun. Un jour, il décide de prendre son destin en main et crée un petit commerce qui, en moins d’un an, s’étend à tout le pays puis, progressivement, jusqu’au monde entier.

 

Me tenant aux aguets pour danser le hourra-hop, je vous certifie de ma totale admiration.

 
                                                                                                                                    Myblack

 

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Cher Myblack,

 

J’ai bien reçu votre courrier correctif daté du 1er octobre, et pris acte de votre désir légitime de coller au plus-près de mes exigences.

 

Néanmoins, je sais pas, il manque quelque chose. Oui, oui, y a de l’idée, mais on ressent chez vous un certaine appréhension à vous libérer totalement, à vous lâcher dans la fiction la plus étourdissante possible, de manière à offrir à vos lecteurs un univers fantasmagorique qui leur ferait oublier les petits tracas du quotidien.

 

Accrochez-vous, vous y êtes presque, je le sens.

 
                                                                                                                            Guy Birenbaum

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Mon Guy Birenbaum,

 

Décidément, tu es difficile. Avec le nombre de merdes que tu publies chaque mois, je ne l’aurais jamais cru, mais soit : voici les ajustements demandés. J’y ai mis mon cœur, ma plume, mes envies, mon âme et trente-deux cafés.

 

Hicham, un sémite d’une trentaine d’années, vit seul avec son père professionnel du bâtiment et sa mère légèrement toquée dans une petite ville du Liban, en 33 pendant lui-même. On ne lui connaît aucune conquête féminine, aucun boulot sérieux. Mais il possède une incroyable faculté à se rendre populaire et une générosité, un don de soi hors du commun. Un jour, il décide de prendre son destin en main : de miracles en miracles, il parcoure le pays au cours d'un incroyable périple qui le mène à la célébrité. Adulé par certains, jalousés par les autres, il fonde un petit commerce à son nom et le crucifix fructifie avec douze de ses associés. A la fin du livre, sa mort subtilement mise en scène est un intense moment d’émotion, que sa résurrection renforce encore davantage et le proclame «Homme du millénaire » par le Time Magazine.

 
                                                                                                                              Myblack

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Cher Myblack,

 

J’achète.

 

Passez-donc à mon bureau demain vers 14h30.

 
                                                                                                                        Guy Birenbaum.

 

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commentaires

T
Je ne sais pas si tu te souveins dem oi mortox sous aoe1 :) en faisant une recherche google je suis tombé sur ton blog :) et oh mon dieu quel blog ! je suis encore ptdr devant ce que je viens de lire gg à toi. En esperant te voir un de ces 4 sur le net ;)
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T
Trop cher Saucipain,Si je coupe un Quatre-quart en 3 défie-je les lois mathémastiques spéculatives ?Cordialement,Théopile Moilepain
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S
C'est ma foi l'apanage des gens une fois et demie plus cons que la moyenne que de pouvoir défier les lois des sciences à haut degré de formalisation. Je m'étonne qu'un couillon de bulture tel que vous l'ignorât.De plus, si vous vous penchez plus avant dans mon dernier message, vous vous rendrez compte que son contenu n'est pas non plus en mesure de brouiller le tôlier de ce blog avec un ancien membre du Club Dorothée.Malgré cette petite carence en fantaisie que je ne vous connaissais pas, je me permets de vous dire, Monsieur, que mon PAF souffre votre absence.Bises.
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B
Mr Saucipain > je ne connais pas ce mi-Chalak,mais techniquement c'est impossible,en effet mi- est utilisé pour séparer un tout en 2 parties égales et non en 3 !bien à vous
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S
Hier j'ai vu Guy chez Ardisson. Il est vraiment charmant mais à l'air d'apprécier Jérémie Michalak. Moi je crois que Jérémie Michalak est mi-homme, mi-fistule anale, mi-anne sinclair et ça me met mal à l'aise.En espérant que cette sonnette d'alarme n'altérera pas vos relations avec Patrick Simpson Jones.
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