C'est un déluge de réponses qui a inondé la rédaction du Blog de Myblack, puisque pas moins de quatre formulaires provenant de quatre vrais candidats différents ont été recensés. La possibilité d'un voyage à Francfort et d'un concert qui s'annonce inoubliable a plongé la France dans un déferlement médiatique, et nous remercions les nombreux participants qui se sont donnés la peine d'écrire ce poème tant redouté par les professeurs de français rigoristes qui liront ces lignes.
Nous rappelons que le gagnant devait écrire un poème de 4 vers contenant les mots suivants : moine, bicyclette, apéricubes, téléphérique.
Tout de suite, place à la correction :
Il revenait de l'église à vélo, comme d'autres prennent le téléphérique
Les apéricubes le regardaient, sans qu'aucuns ne témoignent
Et pourtant, malgré la bible sur sa selle, il était hérétique
Car tout le monde le sait : la bicyclette ne fait pas le moine.
Aucun concurrent n'a donc trouvé la bonne réponse. Pour autant, il faut bien un vainqueur. Les discussions ont été rudes, houleuses, animées, et d'un commun accord avec moi-même nous avons décidé d'analyser scientifiquement les oeuvres des poüet en herbes, pour récompenser le plus méritant d'entre eux.
Tout d'abord la poésie de COY :
Le moine a lunette de l'abbaye de San Frederique
A mangé des apéricubes sur le téléphérique
Emportant sa bicyclette a la sortie du tire-fesse
il s'est fait filmé sur youtube pour excés de vitesse
Apparemment très influencé par l'oeuvre de Chateaubriand, COY a voulu exprimer tout le désarroi d'une société sous l'emprise d'internet et des remontées mécaniques. On ressent bien ici l'esprit néfaste et tourmenté du poète maudit : la référence à l'abbaye de San Frédérique (célèbre pour ses tortures médiévales), son goût pour le cynisme moralisateur et sa haine des petites plaies du quotidien (les excès de vitesse, les tire-fesses), thèmes chers à ce blog. Les connaisseurs auront apprécié.
La poésie de Jean-claude Darcheville :
Un téléphérique asthmatique s'est lié d'amitié
avec une bicyclette numismatique entraînée,
Gérome l'apéricube numismate s'est fait dévoré
par son prédateur le moine Barnabé.
Voulant avant tout jouer sur les sujets de prédilections du créateur tout-puissant de ce blog (la numismatique, le ridicule prénom Barnabé, l'absence totale de logique dans la continuité des vers, l'absence totale de logique tout court), Jean-claude Darcheville s'est malheureusement fourvoyé dans le lèche-bottisme le plus complet. De plus, son contrat avec ce blog ne prévoit qu'un commentaire obligatoire pour chaque article, pas l'obtention d'un éventuel voyage en germanie. Huons-le de bunker, tous ensemble, et passons à la création suivante.
La poésie de Toum :
Je m'promenais de bon matin, pour aller chercher du pain, à bicycleeeetteuuh
Chez l' boulanger je croisais son oncle, le moine saoul comme une bourriqueeuh!
J' demandais mes baguettes, mais côté apéricubes, c'était la disetteeeuh
Et comme mon pneu était crevé je retournais à mon p'tit-déjeuner, en téléphériiiiqueuh !
Toum s'est acharné à construire un récit censé, compréhensible, ce qui fonctionne : l'histoire est parfaitement décrite sous ses moindres détails, on apprécie l'oeuvre du poète qui a su sublimer la médiocrité de son vocabulaire d'origine en tirant partie de son expérience de la vie (pneu crevé, baguettes du boulanger, petit-déjeuner). Une oeuvre touchante, sincère, remarquable, malheureusement gâchée par une mise en page déplorable qui lui ôte toute chance de victoire. Dommage. Vraiment dommage.
La poésie de Blutch :
Un moine prenait le téléphérique,
voyant une bonne soeur à bicyclette,
il lui dit "tu me donnes la trique,
pour 10 apericubes, une levrette
Gauloiserie assumée, vers olé-olé, Blutch a tenté une approche houellebecquienne visant à provoquer chez le correcteur une bienfaitrice érection liée à l'évocation charnelle et graveleuse d'icônes de la chrétienté en robe. Echec, puisque le créateur du Blog, étudiant dans une école où circulent quelques bonne soeurs, a depuis bien longtemps cessé toute pensée fantasmique sur ce genre de personnes.
C'est donc sans la moindre contestation possible COY qui remporte le voyage à Francfort. Bravo à lui. Bob l'attendra à l'aéroport dans le courant de la semaine prochaine. Souhaitons leur un agréable séjour et attendons sagement leur compte-rendu, en bon samaritain. Et continuons de huer Jean-Claude Darcheville, je crois qu'il aime ça.
