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23 septembre 2007 7 23 /09 /septembre /2007 13:10


mime-marceau.jpg Le mime Marcel Marceau est décédé hier soir à 84 ans.


En sa mémoire le Blog de Myblack observera une vie de silence.

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2 septembre 2007 7 02 /09 /septembre /2007 00:41

Nous venons d’apprendre à l’instant la mort de Zinedine Zidane, le dribbleur des annonceurs pour biscuits adulé par ceux qui les trempent dans la crasse des retransmissions sportives. Il s’agit du second décès d’un champion du monde 98 après celui de Fabien Barthez, assassiné par le FC Nantes – le cerveau de Franck Leboeuf, sous respiration artificielle, ne rentre pas dans les statistiques.
 
Michel Platini a immédiatement salué la mémoire du « plus grand numéro 10 de l’histoire du football français ayant joué en Italie, derrière Michel Platini ». La réaction de Mourad Meghni se fait toujours attendre.
 
Zinedine Zidane s’est d’abord fait connaître en quittant les bidonvilles de Marseille pour rejoindre l’équipe bidon de Cannes, qui l’initie à la première division en 1989. A l’époque Zinedine n’est pas encore divinisé, mais simplement arabe.
Il devient travailleur immigré en 1992, en accostant sur les rives des Girondins de Bordeaux, puis se retrouve émigré en 1996, après son transfert à la Juventus de Turin.
Il devient pleinement Français en gagnant la Coupe du Monde 1998, faisant oublier, en l’espace d’un mois, 2000 ans de racisme.
 
Zinedine Zidane, chauve dès l’âge de 14 ans, restera un joueur de coupe :
-        Celle de 1998, tout d’abord, qu’il illumina de ses coups de têtes sur corner.
-        Celle de 2002, ensuite, qu’il illumina par son absence.
-        Celle de 2006, enfin, qu’il illumina de son coup de boule sur Materazzi.
 
Sa chute brutale a surpris : partir sur un coup de tête pour un joueur qui en manquait cruellement, quoi de plus ironique ?
 
Profitant à ses côtés du travail de l’ombre d’Emmanuel Petit – l’un des coiffeurs de la Coupe du Monde 1998 - et des appels clairvoyants de Thierry Henry, Zidane a longtemps trompé son monde. Son effroyable lenteur s’est même répercutée jusqu’à son cerveau, tant il semble ne pas pouvoir s’exprimer autrement que comme un pied.
On ne demandait pas à Zidane de réfléchir ; c’était plutôt bien pensé. Incapable d’aligner deux phrases sans se mettre en touche, le numéro 10 laissait la parole à Roger Lemerre et Jacques Santini, avec les conséquences que l’on sait.
 
Reconverti consultant sur Canal+, il profitait du manque d’animation et de l’inertie des débats pour se taire, son meilleur rôle alors sur le terrain. Devenu pendentif marketing à attirer les obsédés du foot, il s’est rapidement retrouvé à faire le trottoir de la chaîne cryptée. « Comme ta P… de sœur », dirait Materazzi, en crypté, lui aussi.
 
Sous la protection des Nations Unies il organisait depuis 2003 Le Match contre la Pauvreté Technique, dont les fonds étaient entièrement reversés à Cyril Rool et Djibril Cissé.
 
Il sera enterré dimanche à 15 heures en lever de rideau de PSG-Marseille, sur Canal+. Même mort, gageons qu’il sera le meilleur homme du match.
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6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:35



L’actrice Claudia Cardinale Lustiger est décédée ce dimanche, à Paris, à l’âge de 70 ans.
 
Née à Tunis en 1938, Claudia Cardinale s’est fait connaître par son combat pour l’affirmation du droit des femmes et ses positions progressistes, en contradition avec celles de la papauté. Devenue une vedette du cinéma dans les années 60, elle vivait depuis longtemps dans la capitale. 

Monseigneur André Vingt-Trois a réveillé dans un communiqué (1) le parcours grandiloquent de l’actrice, qui aura tourné aux quatre coins du monde pour des réalisateurs tels que Visconti, Richard Brooks, Philippe de Broca ou encore Franco Zeffirelli, qui l’avait engagé pour tourner dans son « Jésus de Nazareth », en 1977. « Pour notre pays, c'est une grande figure qui disparaît. […] Ses nombreux voyages et ses relations internationales donnaient un lustre particulier au siège de Paris », a déclaré l’archevêque. 

André Vingt-Trois a aussi évoqué le militantisme de l’artiste, toujours prête « à intervenir dans les débats publics aux moments difficiles ou importants comme à accueillir discrètement des personnages officiels ». 
Jacques Chirac, qui aurait eu une liaison avec l’actrice, n’a pas pour le moment souhaité faire de commentaires.

Les obsèques seront célébrées le vendredi 10 août à 10 heures à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
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31 juillet 2007 2 31 /07 /juillet /2007 19:16

 


 La canicule les étale comme des mouches : Jeanne Moreau s’est à son tour éteinte, ce matin, à 79 ans. Son corps rongé par les ravages du passé a été retrouvé dans son appartement parisien par un cambrioleur, qui a immédiatement alerté la police.

"C'est pas passé près", s'est rassuré l'acteur Jean Rochefort, 77 ans.
 
La mort de Jeanne Moreau a immédiatement suscité une vive émotion de la part du président de la république. Celui-ci a déclaré « vouloir tout mettre en œuvre pour retrouver les responsables de cette disparition ». Trente bouteilles de vodka ont d’ores et déjà été arrêtées.
 
Jeanne Moreau était l’une des figures du cinéma français. Elle a notamment interprété Catherine, dans « Jules et Jim », et Julie Kohler, dans « La mariée était en noir », deux films de François Truffaut.
Se faisant plus discrète ces dernières années, elle avait retrouvé une seconde jeunesse par le biais de Laurent Gerra. L’imitateur, le doigt pointé et la voix rocailleuse, en avait fait une extraterrestre E.T de luxe. 
On se rappellera de son duo avec Vanessa Paradis lors du Festival de Cannes 1995, rediffusé 4920 fois depuis, dont 839 rien qu’aux Enfants de la Télé. 
Elle sera enterrée demain après-midi à Paris, à partir de 15h 30 (entrée gratuite pour les moins de 12 ans).
 

 
 
[Note de la rédaction : une regrettable erreur de manipulation commise par un stagiaire a provoqué la publication de cette nécrologie prévue, au plus tard, dans le courant de l’année 2008. Nous adressons toutes nos excuses à la famille de l’artiste ainsi qu’à Jeanne Moreau en personne dans l’hypothèse où, effectivement, elle serait encore en vie.]
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30 juillet 2007 1 30 /07 /juillet /2007 10:46


C’est hier, en pleine vente de DVD de Grégory Lemarchal à la FNAC, que s’est éteint Michel Serrault. L’acteur français tirait sur ses 79 ans.
 
Et, bizarrement, cela ne nous fait pas rire.
 
Pourquoi lui, alors que Chimène Badi se porte divinement bien ?
Qu’a donc la grande faucheuse pour s’acharner sur un vieillard et laisser en paix Jean-Marc Morandini ?
A quoi bon frapper l’évidence, si c’est pour oublier Abd Al Malik, Grand Corps Malade et tout ce qui comporte un slam ?
Et Benjamin Castaldi ? Et les acteurs de Plus Belle la vie ? Et Faudel ? La jeunesse n’est pas une excuse, pour échapper au trépas.
 
Les cadavres sont des victimes. Comme les noirs, les arabes ou les blancs. Des victimes du racisme du deuil. En musique, une blanche vaut deux noires. Aux infos, environ deux cents.
 
L’iniquité devant la mort me rend perplexe. Michel Serrault aurait mérité de vivre 110 ans. Au bas mot, cinq Grégory Lemarchal. Oui. 5 barils de Serrault pour un tube de Lemarchal, la proportion paraît équitable.
 
Je doute que TF1 lui accorde une émission hommage. Je mets ma main au feu qu’aucun album posthume de chansons inédites de Michel Serrault ne sortira dans les bacs. Tout ça parce qu’il n’avait pas la mucoviscidose !
Autant nous étions préparé à la disparition du petit gémissant à la croix de bois – c’était prévu dans son contrat chez Universal -, autant celle du comédien nous a étonné. Une chose est sûre : si Grégory Lemarchal était mort de vieillesse, les photos des magazines people auraient été beaucoup moins nombreuses.
 
Karine Ferri utilisera-t-elle le décès de Michel Serrault pour rebondir professionnellement ?
Les cartes de dons d’organes vont-t-elles exploiter la disparition de l’acteur ?
Patrick Bruel chantera-t-il avant ou après l’oraison funèbre ?
La barre des 5000 commentaires sera-t-elle une nouvelle fois franchie ?
 
J’attends de pied ferme les skyblogeurs pro-Serrault pour en parler.
 
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29 juillet 2007 7 29 /07 /juillet /2007 00:21

 

Le cadavre inerte ruisselait de putréfaction un peu partout dans la bâtisse abandonnée, celle de Pépin Bitoulon, le très bref chroniqueur du Blog de Myblack. Retrouvé par un livreur de pizza qui s’était trompé d’adresse, son corps a été confié à la gendarmerie locale. L’enquête, dirigée par la brigade criminelle d’Arcachon, suit actuellement son cours, comme on dit dans les milieux autorisés lorsque les journalistes ont été incapables de soutirer la moindre information aux autorités compétentes mais néanmoins taciturnes.
Par chance je ne suis pas journaliste et j’ai donc été soutirer quelques renseignements au sergent-chef Brownies, 12 années d’anciennetés dont 4 bissextiles. 
policier.jpg Le sergent-chef Brownies
 
- Sergent, racontez-nous donc ce qu’il s’est passé. 
- Je circulais tranquillement en fouillant mes poches quand je l’ai aperçu, gisant au milieu de nulle part. Il n’intéressait personne, laissé à l’abandon par le mépris des gens et l’arrogance de la foule pressée de s’asseoir. 
- Vraiment ?
- Quelle scène d’angoisse ! Cette odeur insupportable qui vous délite les narines, cette lumière outrancière qui noie vos sens, brrrr...
- Oulà.
- Malgré l’expérience, on n’est toujours surpris, décontenancé face à ce genre de situation.
- Tout à fait. Ca devait être affreux.
- Affreux ! Doux euphémisme ! Ce que j’ai enduré, je ne le souhaite à personne, monsieur le journaliste. Personne !
- Oui.
- J’ai donc avancé dans la solitude la plus totale, et tendu mon bras engourdi par la crainte et le regard des autres.
- Des autres ? Vous étiez plusieurs ?
- Bien sûr ! Nous étions des dizaines !!
- Des dizaines !
- Oui ! Des dizaines !
- Ce n’est pas un peu beaucoup, pour une seule affaire ?
- Vous savez, le réfectoire était bondé. Le baba au rhum menait la vie dure, on l’ignorait. Il faut dire qu’il y avait des tartes aux poires et un muffin au chocolat, pas facile d’exister dans ces conditions.
- Le baba au rhum ?
- Vous l’auriez vu, décomposé, il me faisait de la peine, et…
- Quel rapport avec Pépin Bitoulon ?
- Pépin Bi… Ah, oui. Pépin Bitoulon. Excusez, je pensais naïvement que… Un léger quiproquo apparemment, je… Ca n’a pas été filmé, au moins ?
- Oh, non.
- Très bien.
- Ca arrive.
- Oui, cette histoire de baba m’a tellement marqué que j’ai tendance à raviver inconsciemment son souvenir à la moindre occasion.
- Pas de problème. Et donc, pour Pépin Bitoulon ?
- Et bien écoutez, je circulais tranquillement en fouillant mes poches quand je l’ai aperçu, gisant au milieu de…
- Le baba au rhum ?
- De quoi ?
- Vous me parlez encore du baba au rhum, là.
- Non, du tout.
- Ok, pardon.
- Quand je l’ai aperçu, gisant au milieu de nulle part, laissé à l’abandon par le mépris des gens et...
- Vous êtes flic ?
- Bien sûr.
- Vous avez votre carte de flic ?
- Bien sûr.
- D’accord.
- Je n’aime guère ce genre de suspicion.
- Disons que les policiers sont rarement en boxer, pendant les heures de boulot.
- Les policiers sont rarement tout court, pendant les heures de boulot.
- Vous avez suivi l'affaire, au moins ?
- Evidemment ! Je ne serais pas là, sinon.
- Bah je sais pas, vous me parlez de baba au rhum alors qu'un décès vient d'avoir lieu, j'en viens logiquement à douter de votre compétence.
- Tout ça parce que je suis en boxer ?
Possible que ça rentre en compte. Bon, écoutez, parlez-moi donc de Pépin Bitoulon, je vous en prie !
- Et bien je venais de finir mon baba au rhum quand soudain un collègue est rentr...
- Mais c'est pas vrai, putain, à la fin ! Je vais vous le carrer au cul, votre baba ! Vous me les brisez, merde ! Vous avez que ça à la bouche, c'est pas vrai ! Un de nos chroniqueurs vient de clamser et tout ce qui vous préoccupe c'est votre repas de midi ! Si la connerie était une fête foraine, elle vous filerait des tours de manèges illimités !
- Ouais oh dites donc ! Calmos ! On n'est pas en Slovaquie, ici ! D'abord, au lieu de monter sur vos grands chevaux, montrez moi votre carte de presse, tiens !
 
- Parlez nous donc plus en détail de ce baba au rhum.



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11 novembre 2006 6 11 /11 /novembre /2006 10:41

C'est ce matin, en plein Motus, que s'est éteint à l'âge de 93 ans Gustave Boudinet, grand nom du cinéma français. L'ensemble de la communauté cinéphile francophone s'est dit "attristée par la disparition d'un des plus talentueux acteur du XXème siècle". Jacques Chirac a rappelé dans un discours émouvant que "Gustave Boudinet, par la justesse de ses interprétations, restera à jamais comme un des apôtres du cinéma d'après-guerre français."

Le Blog de Myblack s'associe à la tristesse qui, immanquablement, touche l'hexagone et adresse ses condoléances sincères à tout ceux qui, lointains ou proches, ont accompagné Gustave Boudinet dans les dernières heures de sa vie. Les jeunes incultes lisant ces lignes l'ignorent probablement, mais il y a eu, dans le 7ème art français, un avant et un après Gustave Boudinet. Petit rappel d'une carrière longue de 60 ans :


1) L'enfance délicate de Gustave Boudinet

Né en 1913 à Beauvais d'un père bègue asthmatique et d'une mère danseuse de cabaret unijambiste, Gustave Boudinet comprit très rapidement que sa vie n'aurait rien d'une partie de plaisir. Les premiers mois de son existence sont affectés par l'absence maternelle, absorbée par sa carrière, et la disparition tragique de son papa, en pleine guerre - écrasé par une locomotive à charbon. Après le suicide de sa mère, il est recueilli à 5 ans par une famille de clowns lorrains (voir photo), ce qui marquera Gustave Boudinet à vie. Ainsi, de 6 à 16 ans, son enfance se déroule dans l'univers du cirque, lui permettant d'acquérir les bases de son futur métier : les clowns lui enseignent l'art de la comédie, les otaries l'art du jonglage et les éléphants l'art de la cacahuete. Il connaît en 1928 sa première expérience sexuelle avec une femme à barbe prénommée Martine, dont il gardera toute sa vie durant un vibrant souvenir.

  Le clown Rififi, dit "Le boulet", un des clowns qui éduqua Gustave Boudinet.



2) Gustave Boudinet, des débuts difficiles

Rassasié du cirque, il décide de plier bagages et de foncer vers Paris, en Juin 1931, caché dans une carapace de tortue. Commence alors une période sombre, où les petits boulots se succèdent : tour à tour réparateur de fil dentaire, décorateur de chapeau melon, vendeur de trou d'emmenthal, le quotidien est rude, d'autant plus qu'à cet époque il fait la connaissance de celle qui deviendra sa première femme : Gisèle Boudinet. Rapidement, celle-ci lui casse les couilles et il se réfugie dans une passion : le cinéma.

Le soir, en cachette, il ère d'écran en écran, pour retrouver ses idoles : Fred Astaire, Buster Keaton, Clovis Cornillac. Il s'identifie à eux et commence à écumer les castings où il se fait lamentablement refuser. Par chance, il se fait un jour renverser par la voiture d'un directeur de music-hall qui, pour se faire pardonner, lui propose un emploi dans son établissement, consistant à classer les cacahuètes offertes aux spectateurs par ordre alphabétique. Ainsi, Gustave Boudinet se fait rapidement une réputation dans le milieu de la cacahuète, ce qui ne lui est malheureusement d'aucune utilité pour percer dans le milieu hermétique du cinéma. En 1935 il décroche une promotion : il a maintenant pour charge la préparation du café. Sa soif de réussir le pousse à l'excellence et devant tant de bonne volonté le directeur accepte de lui donner sa chance en tant que "chauffeur de salle" ; 3 jours plus tard, Gustave Boudinet est licencié pour avoir incendié de plein gré l'établissement.

Beaucoup auraient renoncé, mais Gustave Boudinet est d'une autre trempe : il insiste, continu les castings, ce qui finit par payer, enfin.



3) Une lente ascension vers le succès

De 1935 à 1938, il participe à divers petits films qui le font peu à peu connaître :

- Le scaphandrier et l'enfant, drame de 1935, où il prépare le café.

- Ma femme est partie hier avec papy, mamie, tonton, la bonne et le chien en vacances à la montagne en oubliant sa valise, comédie de 1936, où il prépare le café.

- Hector Van Ghunhit ou l'existentialisme subconscient du paraître, film chiant de 1938, où il prépare le café.

- Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le haricot vert sans jamais oser le demander, comédie légumière de 1938, où il écosse les haricots verts.

C'est à cette période qu'il change succesivement de pseudonyme : tour à tour, la même année, il s'appelle "Boudigus", "Gus", "Gugus", "Pronghed Shelf", "El Magicus Del Las Ombras ", " Kuziwaka Mosawakeyo", "Gustave Boudino", " BobSinclar", "Dédé06", " l'avaleur de pruneaux crus", encore une fois " Gustave Boudino", " Nepcuicui", "Mdr_Alexan", "Jean-luc Placard", "Ophélie Winter & Friends", pour finalement décider de conserver son patronyme de Gustave Boudinet - qui lui colle si bien à la peau.

Pendant la guerre il dénonce par erreur 3 allemands (en les prenant pour des juifs) : il reçoit la félicitation de ses voisins résistants et se fait présenter plusieurs réalisateurs qui décèlent immédiatement en lui " un talent jusqu'alors insoupconné".



4) Gustave Boudinet, icône de l'après-guerre

  En 1947, il est repéré par Marcel Carné qui lui offre son premier rôle dans un grand film, "les enfants du paradis". Vers 48 minutes, Gustave Boudinet (en rouge) traverse une rue, de dos, sans se retourner : le cinéaste salue " la modestie d'un acteur qui a su s'effacer pour le bien du scénario".

  En 1950 Gustave Boudinet joue dans "Orphée", de Jean Cocteau : son unique scène du film, bien que brève, est resplendissante d'humilité.

 La même année, il tourne dans "Justice est faite", d'André Cayatte. Il s'agit de sa première réplique orale : l'acteur principal (en photo) l'appelle au téléphone et Gustave Boudinet, au sommet de son talent, répond sobrement et efficacement "Désolé, vous avez fait un faux numéro." Tout est là : le style Boudinet, la simplicité Boudinet, la sincérité Boudinet.

A cette période il fait la connaissance lors d'une soirée d'Yves Montand et de Jacques Prévert, et subtilise deux mini-saucisses cocktails à Edith Piaf, en 1951. S'en suivra une belle amitié avec Yves Montand qui l'invitera même à prendre un café, deux semaines après, en croyant avoir affaire à un riche patron de studio français - ressemblant trait pour trait à Gustave Boudinet.

  Yves Montand et Gustave Boudinet, une amitié longue de 20 minutes - le temps de prendre un café, en fait.

Star nationale, Gustave Boudinet ne sait plus où donner de la tête et il enchaîne les succès :

 "La cabane infernale", où il joue le rôle d'un muet ligoté dans une cabane : invraisemblable performance d'acteur puisque, sans même prononcer le moindre mot, Gustave Boudinet bouleverse la France.

 "Zoha, fille du Mékong", film de 1954 où l'on aperçoit une de ses épaules au moment de la scène finale.

  " Toi et moi à Milan", romance de 1956. Il y joue le rôle poignant d'un séducteur invétéré qui tente de conquérir le coeur de la fille du premier ministre Italien. C'est dans ce film qu'il prononce la réplique qui le fait connaître en Amérique et dans le monde entier : " Moi, ce que je préfère dans les raviolis, c'est la viande."

 

Hollywood le réclame et il choisit de partir en Amérique, le 16 Mars 1957, pour décrocher un contrat avec les studios. Cette date marque véritablement un tournant dans sa carrière, puisqu'il loupe l'avion et loupe le contrat. Il divorce de sa première femme Gisèle et épouse Rose Vermenon, qui devient par consentement mutuel Rose Boudinet. Il tourne peu de temps après "la cabane infernale 2" et "la cabane infernale 3", qui se révèlent des échecs cuisants. C'est le temps des erreurs : énervé par cette mauvaise passe, Gustave Boudinet envoie plusieurs lettres d'insultes anonymes à différents producteurs parisiens, mais en signant sans faire exprès : il est progressivement mis à l'écart des plateaux de tournages.


5) Une traversée du desert de près de 40 ans.

Les années 58/98 sont une période de vache maigre. Il tourne bien quelques spots publicitaires pour de la lessive et les biscuits chocolatés CACAOCHOC ("les biscuits CACAOCHOC, le choc du cacao"), mais rien de concret. Gustave Boudinet sombre dans l'oublie, le chômage, l'alcool. Il divorce de Rose Boudinet pour épouser Bernadette Boudinet, née Piflon. Celle-ci l'oblige à se ressaisir et il décroche un boulot d'assistant-réalisteur-adjoint-du mec qui prépare le café dans la série "Thierry La fronde", emploi qu'il conservera 6 ans.

Le 4 février 1969 il se cogne au rebord d'une fenêtre de la rue Marcel Gratin : il perd connaissance et ne se réveille que 13 ans plus tard, sans que personne ne remarque son absence - sauf sa femme qui, en le voyant rentrer, cria " Ah bah t'en a mis du temps, pour sortir les poubelles!". Voulant reconquérir son public, il tient une rubrique "cinéma" dans PIF POCHE, de 1980 à 1988, tout en créant la société Cinémuet, "militant pour le retour des films muets au cinéma", qui le plombera financièrement.

Se sentant incompris, il emprunte 2 millions d'euros en 1991 pour tourner "La cabane infernale 4", qui ne rencontre pas son public. Agé, Gustave Boudinet décide alors de rester chez lui en regardant "La roue de la Fortune" et divers émissions de jeux télévisés, tout en postulant épisodiquement pour quelques James Bond ou Batman.



6) Un come-back retentissant

En 2000, après 40 ans d'insuccès et 7 mariages, Gustave Boudinet refait parler de lui : Luc Besson le contacte en personne pour jouer l'un des réverbères de Taxi 2, au côté de Samy Naceri et Frédéric Diffenthal. Bien que diminué physiquement, son interprétation toute en finesse du réverbère situé près du commissariat le propulse au devant de la scène, pour le plus grand bonheur de ses fans.

   Gustave Boudinet dans Taxi 2: une performance d'acteur unaniment saluée par la critique

Il découvre ainsi, à 85 ans passés, le festival de Cannes où il gravit les marches rubicondes menant à la reconnaissance internationale en compagnie de Luc Besson :

Redemandé une seconde fois par Hollywood, il décline la proposition américaine "car là-bas, La roue de la Fortune n'est pas diffusée". Le public le soutient pleinement et l'implore de tourner en France. Mais, devenu sénile du jour au lendemain, complètement gaga, Gustave Boudinet entre dans un délire mental : jusqu'à la fin de sa vie il se prendra pour un Brownies.

Il meurt le Vendredi 10 Novembre 2006, persuadé d'être un Brownies, et met ainsi un vibrant clap de fin à son existence.

Adieu, l'artiste.

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